• Depuis 1821, les officiers d'Infanterie étaient porteurs d'un très beau sabre dont nous avons présenté un exemplaire ici.

    Cependant, les sabres Mle 1821 accusaient un certain manque de solidité. En particulier la lame, très élégante, mais plutôt fragile. Aussi en 1845, on adopta un nouveau sabre, plus compact et dont la lame presque droite était plus solide.

    Ce sera le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1845.

    La poignée est en corne noire filigranée. La monture se compose d'une calotte courte et d'une garde (ou arc de jointure) à 3 branches accolées ne se séparant que pour former un plateau puis se réunissant à nouveau en quillon enroulé. Le plateau est asymétrique, débordant franchement à gauche sur 4 cm et de 2 cm à droite. Le décor se compose de feuillages enroulés, de lauriers et de fleurettes ajourés.

    Les Sabres Mle 1845 recevront un fourreau en cuir noir à 3 garnitures : chape, bélière et bouterolle, la chape et la bélière étant munis d'un anneau de suspension.

    Le sabre sera décliné en 2 versions légèrement différentes :

    - Le Sabre d'Officier Supérieur d'Infanterie.
    Pour les officiers à partir du grade de Commandant.

    Garde en bronze doré, lame droite à deux gouttières, longue de 86 cm.

    - Le Sabre d'Officier Subalterne et d'Adjudant d'Infanterie.
    Pour les officiers jusqu'au grade de Capitaine et pour les Adjudants et Adjudants-Chef.

    Garde en laiton poli, lame légèrement courbe (flèche d'1 cm) à une gouttière, longue de 77 cm.

    Voici un Sabre d'Officier Subalterne Modèle 1845.
    Celui-ci a été fait par la Maison Coulaux à Klingenthal. Il s'agit d'une commande privée :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Ces sabres seront bien accueillis, mais leurs fourreaux de cuir montreront leur fragilité. 

    Un fourreau en tôle d'acier, portant deux bracelets pour anneaux de bélière, viendra le remplacer et l'arme sera désormais désignée comme le Sabre Modèle 1845/55. Les Adjudants d'Infanterie conserveront leur fourreau en cuir.

    Voici mon Sabre d'Officier Subalterne Modèle 1845/55 :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Un fourreau en acier vient remplacer l'ancien fourreau en cuir :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    La poignée en détail.
    L'arc de jointure est composé de 3 branches accolées :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Les trois branches accolées se divisent :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Pour former l'ossature du plateau de garde, deux branches à gauche, l'autre à droite.
    Le plateau proprement dit est composé de motifs floraux ajourés :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Derrière le plateau, les branches 1 et 3 se rejoignent en un quillon recourbé :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Le plateau de garde et ses motifs floraux ajourés :

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    Mon sabre possède une poignée en corne brune - du plus bel effet - contrairement à la plupart de ses congénaires aux poignées en corne noire ou en ébène.
    Celui-ci a été fait par la Manufacture Impériale de Châtellerault.

    Aux côtés des Sabres 1821, les Sabres Mle 1845 et 1845/55 seront intensément utilisés pendant les différentes campagnes du Second Empire, y compris durant la guerre de 1870-71.

    Après la guerre, les sabres Mle 1845 resteront d'usage courant. En 1882, ils perdront leur deuxième anneau de bélière.
    Le fourreau d'acier poli sera généralisé au fur et à mesure du remplacement des fourreaux en cuir.

    Ce sabre servira encore pendant la Grande Guerre, toujours fabriqué par la Manufacture de Châtellerault ou par des entreprises privées.

    D'une grande élégance, les sabres 1845 auront une belle longévité, ce qui n'est que justice car ce sont vraiment de très belles armes. Témoins de nombreuses campagnes, ces armes racontent l'histoire à leur façon. Pour qui sait prendre le temps de les scruter, elles sont toujours source d'admiration et de respect pour ceux qui les ont portées. 

    Longtemps fabriqués et en grand nombre, on les trouve de nos jours très aisément et pas (encore) trop cher.

    Alors ... à quand le vôtre ?

    Sabres d'Officier d'Infanterie Modèle 1845/55

    À bientôt.


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  • Après plusieurs mois de calme, nous voici de retour avec une rareté : la carabine de botte.

     

    L'appellation de " carabine de botte " évoque ces armes longues qui étaient tolérées chez les officiers en tant qu’arme personnelle.

     

    Ces armes étaient portées dans un étui en cuir suspendu à la selle juste devant la jambe droite et descendant au niveau de la botte. D’où son appellation. Elles étaient destinées autant à la défense personnelle qu’à améliorer le repas au bivouac … lièvre ou faisan, renard ou marcassin.

     

    Certainement beaucoup plus utile que la paire réglementaire de pistolets 1833, 1836 ou 1842, armes magnifiques, mais … complètement inutilisables au-delà de 20 - 25 mètres. Et encore, s'agissant d'un très bon tireur.

     

    Une Carabine de Botte

     

    Cette petite carabine a été faite dans les années 1860 - 1865 par Etienne VERNAY (ou VERNEY), armurier à Saint-Etienne (Il ne serait pas surprenant qu'il soit apparenté à Claude VERNEY-CARRON, le fondateur de la maison bien connue)

     

    Voici sa description.

     

    L’arme est toute petite : 1,01 mètre.

    Et très légère : 2,75 kg.

     

    Le canon.

    Il est en fer, forgé en damas, octogonal, long de 57,8 cm. 

    Fixé à la monture par une clavette plate et par un crochet prenant sur la fausse culasse.

    Le canon est rayé de 4 rayures plates, larges de 4,8 mm. Le pas des rayures est de 1,30 mètre.

    La longueur rayée est de 56,7 cm.

    Son calibre est de 12,50 mm à fond de rayures et de 11,80 sur le plat.

    L'intérieur du canon est resté miroir et sans accident.

    Le poinçon des armuriers de St Etienne est frappé sous le canon, de même qu'une signature illisible (peut-être Vernay, mais ça ne colle pas trop), un poinçon ovale C, un matricule 45.

    La cheminée est vissée sur une grosse masselotte agrémentée d’une volute décorative débordant sur le haut de la platine.

    La masselotte est pourvue d’un orifice de visite fermant par une vis.

    Sous le canon est brasée une longue pièce en fer se terminant au raz de la bouche par un crochet.

    Cette pièce est destinée à recevoir la baguette de chargement, retenue par deux canaux brasés et bloquée par le crochet.

     

    Les éléments de visée.

    Le canon porte 3 éléments de visée.

    - Un large cran mire fixe en V, brasé sur la fausse culasse.

    - Une hausse réglable composée d’un pied formant cran de mire, supportant une planchette relevante portant 4 crans. 

    Aucune indication de portée. Le pied de hausse est posé à queue d’aronde sur le canon, il est donc réglable en direction.

    - Un guidon à lame, posé par queue d’aronde au bout du canon.

     

    A noter : le cran de mire fixe de la fausse culasse est totalement inutile sur ce canon, car ce cran est masqué par la hausse réglable… 

    Mais sa présence ne peut signifier qu'une chose : un deuxième canon devait exister, dépourvu de hausse, probablement lisse et destiné au tir de grenaille. En effet, le démontage du canon - donc son échange -  est l'affaire d'un instant : sortir une clavette.

     

    La platine.

    Elle est conforme à celles qui équipaient les armes de chasse du temps : ressort en avant, noix à chaînette, bride de noix enveloppante. La platine est retenue d’une part par une unique vis traversant la poignée et d’autre part par un crochet venant s’insérer dans une mortaise de fer fixée à l’intérieur de la monture à l’avant de la platine. Ajustages dans la monture quasiment au centième de millimètre.

    La platine est marquée “VERNAY ET ne“ "A St ETIENNE“ lire : VERNAY Etienne A St ETIENNE

    Le chien à tête de monstre a été anciennement réparé, une soudure du col est encore visible par l'absence de décor gravé.

     

    Les garnitures.

    Elles sont en fer et décorées de rinceaux, feuillages et volutes gravés. Y compris les têtes de vis.

    L’ensemble sous-garde - pontet mesure 29 cm de long, portant le pontet à volute.

    La pièce formant embouchoir porte également une languette à décor gravé longue de 6,5 cm.

    La baguette de chargement longue de 59 cm est en fer, conique, épaisse de 5,3 à 7,1 mm et terminée par un embout large de 11,5 cm. Cet embout comporte un creux de forme ogivale, profond de 5,10 mm. Preuve que l'arme était destinée au tir de projectiles oblongs type Tamisier. A noter que la baguette n'est pas filletée.

    L’ensemble des garnitures et son décor est conforme à la mode du temps pour les armes de chasse.

    Tous les ajustages sont extrêmement serrés.

    Il n’y a pas de bretelle.

     

    La monture.

    Est en ronce de noyer joliment veiné, d’une seule pièce. 

    La crosse proprement dite est de forme “à l’anglaise“ et porte une plaque de couche en fer.

    La monture porte plusieurs éléments en fer, invisibles lorsque l'arme n'est pas démontée : crochet de retenue de la platine, vis de fixation de la sous-garde et de l'embouchoir.

    Ayant traversé près de 160 années, la monture présente quelques traces de coups. La patine du bois est assez atténuée à la poignée et sur le devant.

     

    Conclusion.

    La fabrication de cette carabine est bien plus que soignée.

    Ne parlant pas seulement des gravures ou de la qualité du bois.

    Il s'agit d'un travail d'une très grande rigueur, il n'y a absolument pas le moindre espace entre les pièces bois et fer.

    Une carabine qui a certainement coûté très cher à fabriquer ...  

    Cette arme est restée splendide. Seuls la réparation du chien, une vis remplacée, quelques têtes de vis brutalisées et divers choc du bois témoignent de son âge et de son usage. Il est probable que le canon était bronzé brun, ce qui faisait bien ressortir le damas.

     

    Et maintenant, place au reportage.

     

    Portrait de la carabine, vue de droite et de gauche :

    Une Carabine de Botte

    Une Carabine de Botte

     

    La platine. Encastrements extrêmement serrés.

    Le chien à tête de monstre, on devine la soudure de réparation à l'absence de décor gravé.

    Sous la masselotte on voit la vis fermant l'orifice de visite :

    Une Carabine de Botte

     

    Le marquage d'Etienne VERNAY :

    Une Carabine de Botte

     

    L'encastrement dans le bois.

    On remarquera la mortaise en fer vissée dans la monture et recevant le crochet de retenue de la platine :

    Une Carabine de Botte

     

    L'intérieur de la platine, chien à l'abattu. La qualité de la fabrication se voit ici aussi.

    Sur ces deux photos, on comprend bien le rôle de la chaînette reliant le grand ressort à la noix.

    A l'avant du grand ressort on voit le crochet de retenue de la platine :

    Une Carabine de Botte

     

    Chien à l'armé. Rappelons que le chien est solidaire de la noix par son axe.
    En le tirant vers l'arrière par sa crête, on fait passer le bec de gâchette successivement par les deux crans de la noix : le cran de sécurité puis le cran d'armé. La photo montre le bec de gâchette au cran d'armé.

    On note que la bride de noix est maintenue par 4 vis prenant sur 4 piliers, le dernier pilier formant axe de rotation de la gâchette.

    Une Carabine de Botte

     

    La vis de maintien de la platine et sa rondelle encastrée sur la joue gauche.

    On notera qu'une vis de fixation du support de la clavette de canon a été remplacée :

    Une Carabine de Botte

     

    La hausse réglable.
    Le pied de hausse est encastré à queue d'aronde sur le canon afin d'autoriser un réglage latéral.

    Un coup de burin donne la référence du centre du canon.
    Ce pied de hausse forme un cran de mire fixe. La planchette relevable s'articule dessus.
    On voit bien les 4 crans de mire qu'il propose une fois relevé. Ce type de hausse est apparu sur les premières armes rayées.

    Une Carabine de Botte

     

    Planchette relevée. Le défaut de ce type de hausse apparut rapidement car tout réglage est impossible hormis un choix de 4 crans.
    Les hausses adoptées sur les fusils anglais Pattern 53 ou 60 puis sur le Chassepot français permettront un réglage beaucoup plus fin :

    Une Carabine de Botte

     

    Le guidon à lame, également fixé à queue d'aronde :

    Une Carabine de Botte

     

    Les marquages sous le canon.
    Poinçon C, coup de burin matérialisant l'ajustage de la culasse sur le canon, une signature illisible (peut être refrappée ?) 

    Le poinçon de réception des armes civiles de St Etienne.

    Une Carabine de Botte

     

    La beauté des assemblages, le contraste du bois et des aciers :

    Une Carabine de Botte

     

    L'embouchoir :

    Une Carabine de Botte

     

    La crosse :

    Une Carabine de Botte

     

    L'ensemble pontet-sous garde :

    Une Carabine de Botte

     

    La plaque de couche :

    Une Carabine de Botte

     

    La carabine entièrement démontée mesure seulement 62,5 cm de long :

    Une Carabine de Botte

     

    La bouche du canon, le crochet de maintien de la baguette.

    La baguette, la forme ogivale de sa tête :

    Une Carabine de Botte

     

    L'intérieur du canon et les 4 rayures :

    Une Carabine de Botte

     

    Cette carabine de botte est (bien entendu) destinée à reprendre du service.

    Il faut juste que je trace une ogive afin de commander un moule idoine.

     

    En attendant, je vous laisse l'admirer mais aussi réfléchir au savoir-faire des armuriers des années 1860 ... 

     

    A bientôt !


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  • Pour ce nouveau portrait il ne s'agira pas d'un militaire d'active dans son grand uniforme avec ses épaulettes et sa coiffure réglementaire.

    Voici un Chouan, un gars du bocage.

    Un de ceux qui se sont révoltés contre un pouvoir brutal et lointain qui lui a ôté son Roi et qui veut lui ôter son Dieu. Contre ces diables qui incendient les églises, fusillent les prêtres, assassinent les religieuses et noient les femmes et les enfants.

    Le Gars Pierre en 1794

    Notre homme n'a pas d'uniforme. Il a juste cousu le Sacré Cœur sur son chapeau, ça lui tient lieu de signe de reconnaissance. Et tout le monde comprend.

    Pas d'uniforme, mais bien armé. Il porte le fusil de guerre des "Bleus", un fusil de grenadier avec sa baïonnette. De quoi coucher tout ennemi jusqu'à 80 pas.

    Lors de l'embuscade de samedi dernier, il s'est attribué le baudrier et le sabre du caporal qu'il a tué. Mais surtout, il lui a pris ses chaussures et ses guêtres !

    C'est la Guerre totale, l'extermination ou la victoire. Ce sera l'extermination.

    Paysan endurant, connaissant le pays à fond, le Gars Pierre est de faction au bivouac de sa paroisse, dans un bois du côté de Cholet.

    Le fusil modèle 1777 de grenadier mesure 1,52 mètre et pèse 4,5 kilos. Il tire une balle ronde en plomb de 16,54 mm de diamètre pesant 27 grammes. La charge de poudre - amorce incluse - est d'1/40e de livre, soit 12,24 grammes. La vitesse initiale de la balle dépasse les 400 mètres par seconde et sa précision est suffisante jusqu'à 50 - 60 mètres.

    La lame de sa baïonnette mesure 14 pouces, soit 38 cm. Elle ne tombe jamais en panne, surtout quand il pleut.

    Le sabre est du modèle de 1767, une lame de 64 cm toujours prête au cas où …

    Dessin sous Illustrator d'après une vignette en noir et blanc trouvée sur la page d'un journal local.


    A bientôt


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  • Voici l'une des plus belles armes de la collection : la Carabine Modèle 1859.

    Ma Carabine Modèle 1859

    Petite restitution historique :

    La Carabine Modèle 1859 est la dernière arme réglementaire Française à percussion et à chargement par la bouche. Elle clôt une aventure de plus de 40 années dans la recherche de la précision du tir de combat sur arme longue à percussion.

    De 1830 à 1870, du règne de Louis-Philippe jusqu'au Second Empire, ces 40 années auront été la période la plus riche au plan du progrès technique et économique. Il faut se figurer un monde passant de la traction animale au chemin de fer, de la marine en bois et à voile aux frégates cuirassées à vapeur. L'électricité est utilisée quotidiennement avec le télégraphe. Le gaz sert à l'éclairage et au chauffage de Paris. On creuse le canal de Suez. Les vols en ballon, libres ou captifs, sont pratiqués couramment, la photo se développe partout.

    Notre armement, intégralement lisse et à silex en 1830, adopte la percussion en 1840 et on fait les premières expériences du rayage des canons. Dès 1840, les carabines rayées sont de toutes nos campagnes. En 1854, la Garde Impériale adopte le premier fusil rayé. En 1860 toutes les armes de notre infanterie sont rayées et tirent un projectile expansif développé à partir de la balle à jupe du Cne Minié. 

    Dès le milieu des années 50, plusieurs systèmes de chargement par la culasse sont essayés : Thouvenin, Manceaux et Vieillard, Gastine-Renette, Chassepot, etc ... conduisant à l'adoption du fusil Chassepot en 1866 puis des armes à tabatière en 1867.

    En 1870, notre armée avait plus que rattrapé son retard sur la Prusse (équipée du Dreyse à aiguille depuis 1841)

    Quand aux carabines, elles équiperont les régiments d'intervention du Second Empire : les Zouaves, les Chasseurs et la Légion Étrangère. La Carabine Modèle 1859 sera utilisée lors de la Campagne du Mexique et équipera la 3ème Compagnie du 1er Bataillon du Régiment Étranger au combat de Camerone le 30 Avril 1863.

    Revenons à l'arme.

    Elle a été fabriquée en 1861 à la Manufacture Impériale de Saint Étienne.

    Elle n'a jamais distribuée en Corps de Troupe, comme l'atteste sa plaque de couche sans identification de Corps et l'absence de matricule (canon et crosse).

    Comme toutes nos carabines, c'est une arme très massive, un canon court et épais. C'est construit costaud. Elle est lourde pour sa taille, bien davantage avec son immense sabre-baïonnette.
    Voici un dessin (Illustrator, bien entendu) fait en 2011 :

    Ma Carabine Modèle 1859

    
Ses caractéristiques :
    • Poids : 4,47 kg

    • Longueur : 1,26 m

    • Calibre : 17,8 mm

    
• Vitesse initiale : 310 m/s
    • Rayures : 4 tournant de gauche à droite, pas de 2 m, larges de 7 mm, à profondeur dégressive de 0,5 mm au tonnerre à 0,3 mm à la bouche.
    
• Hausse : réglable à planchette et curseur, graduée de 150 mètres (rabattue) à 1100 mètres (relevée)
    
• Sabre-Baïonnette : modèle 1842 ou 1842/59

    • Cartouche : modèle 1859, balle à jupe Mle 1859 de 48 g, charge de 5,25 g. Conditionnées par 6 avec 8 amorces de guerre, paquet bleu.


    Peformances :
    • à 200 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 0,50 m.
    • à 300 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 1 m.
    • à 400 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 1,50 m.


    La carabine 1859, tout comme les fusils 1857, 1854 et 1853 T a été progressivement remplacée dans les Corps de Troupe par le fusil 1866 Chassepot mis en fabrication dès la fin de 1866.

    Aussitôt après le Chassepot, nous adoptions le système 1867 dit "à tabatière" pour l'armement des troupes de réserve, la Garde Nationale Mobile. On transforma selon ce modèle plus de 300.000 fusils 1857 et carabines 1859. En effet, ces armes - pour la plupart flambant neuves - étaient stockées dans nos arsenaux. On a ainsi transformé la plupart de nos carabines 1859.

    Du coup, la carabine 1859 native est plus rare que la carabine 1853 T. Elle est aussi plus recherchée car souvent en bien meilleur état.



    Voici la carabine, portrait vue de droite et de gauche. La baïonnette est du modèle 1842/59 à ressort interne :Ma Carabine Modèle 1859

    La platine et le marquage de la Manufacture Impériale de St Etienne. Poinçon du contrôleur des platines.
    Le chien est à l'armé, découvrant la cheminée vissée sur la masselotte.
    On remarque que la masselotte est décalée sur la droite, cette disposition avait été retenue sur les armes du système 1853 afin de dégager la ligne de visée. Le marquage MI devant la masselotte pour Manufacture Impériale.
    La platine est du modèle de 1857, amélioration de celle de 1847 elle-même modification de la platine 1840.
    Ces platines ont la particularité d'êtres retenues par une vis à ergots fixe à l'arrière et une vis traversante à l'avant et vissant sur une rosette faisant office de contre-platine :

    Ma Carabine Modèle 1859

    À noter que la cheminée montée sur l'arme est une cheminée de tir moderne, car la cheminée réglementaire est percée à 1,8 mm. C'est un orifice bien trop large pour les poudres modernes.
    Afin d'éviter les pertes de pression - voire les crachements - il est prudent de monter une cheminée percée à 0,9 mm. Bien entendu, les filetages sont identiques.

    La platine vue de l'intérieur. Remarquer sa compacité et sa simplicité. Un seul ressort en V agissant vers le haut sur la noix par l'intermédiaire d'une chaînette, et vers le bas sur la gâchette. La bride de noix est assujettie par deux piliers vissés sur la platine. Le troisième étant l'axe de pivotement de la gâchette. La platine porte le marquage Mle 1857, modification de la platine 1847 au niveau de la chaînette :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Le logement de la platine. Noter le marquage en chiffres romains, XIII. Ces marques faites au burin se retrouvent sur la tranche de la platine. Elles ont été apposées par l'ouvrier platineur pour identifier la platine avec la monture au moment du montage final. La monture est à l'état de neuf, arêtes vives, têtes de vis ayant marqué le bois, encastrement serrés :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Une vue cavalière de la platine et de la hausse, planchette relevée. Remarquez le marquage S.1861. S étant l'initiale indiquant la Manufacture de St Etienne. Et l'année de fabrication 1861 :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La hausse. La planchette porte une échelle de distances à gauche, graduée de 250 à 1000 mètres. L'échelle de droite est graduée en millimètres et sert à affiner une visée. Un cran de mire mobile est monté à frottement doux sur la planchette. Le cran de mire au pied de la planchette est à la hausse de combat de 150 mètres :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La crosse et la monture jusqu'à la platine. Remarquer la forme de la queue de détente, très confortable et favorisant un lâcher progressif. Cette forme de détente sera malencontreusement abandonnée sur le Chassepot.
    Il faudra attendre le fusil Mas Mle 1936 pour retrouver en France une détente adaptée à la forme du doigt :Ma Carabine Modèle 1859

    La monture, de la platine à la capucine :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La monture et la capucine-grenadière retenue par un ressort à épaulement :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La monture et l'embouchoir. Le ressort à pivot, la baguette, le tenon de baïonnette et le guidon :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La crosse vue de droite. Hormis le macaron effacé, le bois est dans un état remarquable :Ma Carabine Modèle 1859

    La capucine-grenadière. Notez le battant de bretelle, le ressort et la baguette dans son canal. Et, à nouveau, un très bon état général :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La sous-garde et le pontet, identiques aux pièces du fusil 1857, hormis l'absence de battant de pontet, reporté sous la crosse. La sous-garde crantée est un héritage du fusil Modèle 1777 corrigé An IX :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La plaque de couche et le battant de bretelle. On remarque que le bois de la crosse est plus large que la plaque de couche. Cette disposition était voulue et destinée à éviter que, sous l'effet de l'usure, les bords de la plaque de couche ne blessent le tireur. À savoir que la même précaution sera prise sur les crosses de toutes nos armes règlementaires, jusqu'aux fusils Mas 49/56 (dernière arme réglementaire française ayant une monture en bois) :
    Ma Carabine Modèle 1859

    L'embouchoir et son ressort à pivot, le canon avec le guidon, le tenon de baïonnette et sa directrice. La baguette et sa tête caractéristique. Elle est percée de part en part afin, après y avoir glissé une broche, de donner un couple de rotation pour utiliser le tire-balles qu'on visse à l'autre bout :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La rosette de contre-platine faisant écrou pour la vis de fixation de la platine :
    Ma Carabine Modèle 1859

    L'intérieur du canon, les 4 rayures :
    La Carabine Modèle 1859

    Le Sabre-Baïonnette Modèle 1842/59. La forme de la lame en yatagan avait été adoptée en 1840 pour dégager l'espace nécessaire au chargement du canon par la bouche et éviter que le tireur se blesse.
    Et non pour impressionner l'ennemi comme on pourrait le croire :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Comme on peut le constater, l'arme est en excellente condition, notamment l'intérieur du canon aux rayures profondément marquées. Ancienne corrosion, mais pas d'accident ni de bague. Les parties extérieures ont été nettoyées il y a longtemps, d'une manière trop appuyée et faisant malencontreusement disparaître certains marquages, mais tout est sain et sans jeu. Les crans de la platine sont francs et nets.

    Cette arme splendide est malheureusement devenue relativement rare, d'une part suite à la transformation massive des carabines 1859 au système 1867 (tabatière) et d'autre part à cause des nombreuses prises effectuées par les Prussiens en 1870, n'hésitant pas à piller des dépôts se trouvant sur le chemin de leurs armées.
    Au début du XXe siècle, les armes ainsi raflées ont été massivement revendues en tant qu'armes de traite. Triste fin pour d'aussi belles armes. Vae Victis !

    Bien entendu, comme toutes mes armes, ma carabine est en état de tir.

    Je l'ai essayée avec des ogives Mle 1854 au calibre de 17,9 mm :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Le moule et ses ogives Mle 1854 que j'avais fait faire pour mon fusil Modèle 1853 T Car aux mesures de son canon (Ce fusil vous sera présenté ultérieurment) :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Ces ogives étaient légèrement surcalibrées, signe que le canon de la carabine est resté à son diamètre nominal et qu'il n'a pas subi d'usure.

    Voici le carton d'essai, un tir de 5 coups à 25 mètres. Balles Mle 1854 sur charge de 5,25 g de poudre à mousquet. Canon écouvillonné entre chaque coup :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Tir prometteur, mais surtout démonstration de l'importance de l'adéquation du diamètre de l'ogive avec celui du canon.
    Lors d'un autre tir, les balles, trop larges ne rentraient que très difficilement dans le canon, tir interrompu au bout du 7e coup.

    Dès que possible, je ferai fabriquer un moule pour une balle Mle 1859 au calibre de 17,85 mm afin de la recalibrer à 17,83 mm.

    A bientôt


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  • Voici un nouveau venu dans ma collection :

    Ce fusil Modèle 1822 T Bis a été fabriqué à Tulle en 1827 comme fusil d'infanterie à silex. Il mesurait alors 1,471 m.

    A ce moment, les fusils Modèle 1822 sont l'aboutissement de près de 200 ans d'usage de la platine à silex. Avec la platine Mle 1822, la plupart des défauts de la platine An IX auront été corrigés, notamment les longs feu et les ratés d'allumage. Ces fusils participeront à la conquête de l'Algérie, et aussi aux journées sanglantes de Juillet 1830, les 3 glorieuses.

    L'adoption de la platine à percussion (Carabines 1837 et 1838, fusils 1840 et 1842) allait démoder d'un seul coup plusieurs centaines de milliers de bons fusils à silex, essentiellement des fusils Modèle 1822.

    Dès 1842, décision fut prise de transformer ces armes et de les adapter à la percussion. En effet, les armes Mle 1842 étaient lisses et tiraient quasiment la même balle ronde que celle des 1822.

    Mon fusil a donc été transformé T vers 1843 à la Manufacture de Mutzig pour sa mise à la percussion :
    - obturation de la lumière.
    - pose, sur la queue de culasse, d'un cran de mire fixe .
    - pose, sur la droite du tonnerre, d'un grain sphérique taraudé pour y visser une cheminée.
    - alésage du canon à 18 mm. Le canon reste lisse.
    - dépose du chien, du bassinet, de la batterie et de son ressort.
    - obturation des orifices inutilisés.
    - mise en place d'un chien-marteau dont la tête est décalée sur la gauche pour coiffer la cheminée.

    Voici un schéma de la platine Mle 1822 transformée (Cours de Tir - Études théoriques et pratiques - 1864)

    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

     

    Le reste des pièces est conservé.
    Ainsi transformée, l'arme est retournée en corps de troupe.

    Mais en 1854, à l'occasion de la Campagne de Crimée, deux évènements vont se produire qui vont bousculer les choses et faire faire à notre armement un progrès important.

    1/ En 1854, la Garde Impériale nouvellement crée va recevoir ses fusils. Ils sont basés sur le fusil Modèle 1853. Mais surtout, ils sont rayés et ils tirent une balle ogivale à jupe creuse qui découle directement des expériences faites sur le tir des projectiles auto-forçants dans les armes rayées. Cette balle creuse fut dessinée par le Capitaine Minié.

    2/ En 1855, à l'occasion des combats en Crimée et à Sébastopol, nous mettions en œuvre avec succès plusieurs formations équipées d'armes rayées.
    Les Zouaves en particulier vont tirer parti de leurs Carabines Modèle 1853 et Fusils Modèle 1853 T Car qu'ils recevront dès 1855. Ces armes leur permettent d'abattre des canonniers russes jusqu'à 500 mètres de distance.
    Mais on se rend compte qu'en dehors de ces unités, l'Armée ne met en ligne que des armes lisses, donc démodées : fusils Mle 1853 neufs, fusils 1842 et 1822 T. Alors que, dans le même temps, l'ensemble du Corps Expéditionnaire Anglais est doté de l'excellent Enfield Pattern 1853, fusil rayé et de calibre réduit.


    Nous venions de prendre conscience que le rayage de leurs fusils donnait aux fantassins une allonge et une précision impossibles à obtenir avec des armes lisses. Et que nos voisins avaient pris de l'avance et disposaient d'un armement supérieur.

    Et, en 1857, l'Empereur décidait que l'ensemble des armes à feu de l'Armée Française soient rayés. Par transformation pour les armes existantes, dès leur conception pour les armes à venir.

    Pour revenir à mon fusil, il a été transformé Bis en 1859 à St Étienne à l'occasion de la mise en rayure du canon. Comme tous ses semblables, il a été raccourci aux dimensions des fusils de voltigeurs et mesure désormais 1,41 m :
    - mise en rayure du canon : 4 rayures au pas de 2 mètres, larges de 7 mm, profondes de 0,3 mm.
    - pose d'un nouveau cran de mire réglé à la distance de 300 pas à la place de l'ancien.
    - raccourcissement du canon et de la monture.
    - déplacement de l'embouchoir et de son ressort, du tenon de baïonnette et du guidon.

    A chaque étape, les marquages et poinçons réglementaires sont apposés sur le canon et la crosse.

    La monture n'a pas été remplacée : elle a conservé la joue d'origine et la pastille MR.

    En fait, mis à part les pièces "percussion" (1843) et la baguette (1859), tout est d'origine, canon, bois, platine, garnitures.

    Le fusil est dans un état surprenant, en particulier l'intérieur du canon : quasiment aucune usure n'est à relever comme l'atteste le pied à coulisse : 18,05 mm relevé à la bouche. La baïonnette modèle 1822 se fixe en place sans aucun jeu.

    La monture en noyer châtain est très bien conservée, avec de rares traces de chocs, aucune fêlure, à peine quelques zones assombries.

    Mécaniquement, on ne relève aucun jeu. Les ajustages sont serrés, les arêtes sont restées bien marquées.

    Vu son état, après une période en unité (matricule sur le canon et la crosse), et deux passages en Manufacture (il en a fait, des kilomètres, entre Tulle, Mutzig et St Étienne ...) il a dû prendre tranquillement la poussière au fond de l'armurerie d'une Garde Nationale Sédentaire dans une sous-préfécture rurale. On en trouve encore parfois dans les combles d'anciennes mairies ...

    Au plan opérationnel, les fusils Mle 1822 T et T Bis constitueront longtemps l'armement de base de l'infanterie, à côté des fusils modèles 1842, 1853 et 1857.
    Les 1822 T sont utilisés au siège de Sébastopol (1854-55), en Italie (1859)
    Les 1822 T Bis iront aussi au Mexique (1862 à 1867) et on en a retrouvé aux mains de guérilleros mexicains bien après le départ des Français. Pendant la guerre de 1870-71, on connaît plusieurs photos de Mobiles ayant reçu le fusil 1822 T Bis comme arme individuelle ... (souhaitons-leur n'avoir pas été à la riflette avec)

    Ces armes auront quand même été utilisées pendant près de cinquante ans !
    Je ne sais pas si nos modernes FAMAS sauront durer autant ... ?
    186 ans après sa fabrication, ce fusil est toujours en état de tir !


    En résumé, un fusil bien homogène, mêmes matricules 330 puis 1870 frappés sur le canon, la crosse, la platine. Une belle monture en noyer châtain en excellent état, encastrements nickels, arêtes vives. Mécanique sans aucun jeu. Le canon est à l'état quasi neuf, un peu marqué vers la bouche (comme souvent sur ces fusils)

    -----------------------------------------

    Voici un petit reportage.

    Portrait, vues droite et gauche.
    On remarque que l'embouchoir a été reculé sur la monture avec son ressort. Cette arme magnifique est en excellent état. Un beau contraste de la couleur miel du bois avec l'éclat du métal poli :

    La crosse vue de gauche : la joue, le matricule régimentaire 1870, le n° d'ouvrage 330 :

    La crosse vue de droite : macaron de réception et cheville en buis MR "Manufactures Royales". Poinçons de recette.
    Marquage MUTZIG, manufacture de la transformation T.
    Marquage St ETIENNE, manufacture de la transformation Bis.
    À nouveau, on remarque un bois à l'état quasiment neuf.


    Le canon au niveau du tonnerre.
    Sur la queue de culasse, marquage réglementaire du modèle 1822 T Bis et hausse fixe à cran de mire. L'ancienne hausse était au même emplacement, moins haute et d'une forme plus anguleuse
    Le chien dont la tête est fortement décalée à gauche pour coiffer la cheminée :
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis 
    La contre-platine, appelée aussi esse :Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

    Marquages à gauche du tonnerre :
    Poinçon B avec étoile : Brunon Frères, entrepreneurs à Tulle, forgerons, fabricants de canons pour la Manufacture de Tulle de 1819 à 1835.
    
Marquage C de 18 pour Canon de 18 (mm)
.
    
Numéro 330, n°d'ouvrage, probablement de la mise à percussion.
    Matricule régimentaire 1870 :

    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis
    Marquages à droite du tonnerre :

    Millésime (usé) de la fabrication initiale : 1827. Poinçons de recette et de contrôleurs.
    En dessous - et normalement caché par la platine - l'initiale S de la manufacture ayant mis le canon en rayure et millésime de cette modification : St Etienne en 1859 (transformation précoce) :

    La platine et la monture jusqu'à la capucine. Une arme en état exceptionnel.
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

    La monture, de la capucine à la grenadière avec son battant. Ces garnitures sont retenues par un ressort à épaulement :

    La monture de la grenadière jusqu'à la bouche du canon. L'embouchoir est retenu par un ressort à ergot. La baguette en place dans sa rainure, sa tête affleure la bouche du canon. Soudés au canon, le guidon et le tenon de baïonnette.

    La plaque de couche.
    Normalement, selon le règlement de Mars 1854, elle devrait porter le numéro du Corps de troupe, puisque le canon et la crosse sont matriculés ...
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

     
    L'intérieur du canon. 4 rayures au pas de 2 mètres, elles sont propres et nettes. On remarque les marques de baguette à 6-8 cm de la bouche :


    La platine.
    Vue extérieure. C'est une Corrézienne Royale. On remarque la pièce d'obturation du logement du bassinet. Le pontet porte les initiales AT, probablement celles d'un sous-traitant. Devant le chien, le poinçon C couronné dans un rectangle à pans coupés, probablement Cazamajou, Contrôleur à Tulle de 1813 à 1830.
    A noter que les arêtes du bois sont aussi nettes et vives qu'au temps de sa fabrication en 1827 :

    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

     
    L'intérieur de la platine. Parmi les différentes marques d'ouvriers, on retrouve le n° d'ouvrage 330 :

    Zoom sur la noix ... à 3 crans et longue course du bec de gâchette !


    Surprise ... sous la plaque de couche.
    Un orifice profond d'1 cm, large de 15 mm. On voit nettement l'empreinte d'une Fleur de Lys et au centre, comme un trou de vrille. C'est l'emplacement de la poupée de la machine à travailler les crosses, certainement l'une des premières machines-outil combinées. Ces machines sont apparues pour faire les montures des fusils Mle 1822. Elles assuraient découpe, biseautages, rainurages, fraisages et taraudages des ébauches en noyer :
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

    A bientôt.


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  • Continuons.

    Début 2010, je me suis mis à réfléchir à ma collection d'armes. En fait, sauf épisodiquement avec mon Gras, elle ne servait pas à tirer.
    Or, j'ai toujours apprécié le tir, dès lors que j'en avais la possibilité.
    J'ai pris mes renseignements, notamment sur des forums spécialisés, et je me suis rendu compte que tirer était non seulement possible mais encore permis, et que ça se pratiquait au sein d'un club, avec une licence de la FFT (Fédération Française de Tir)

    Mais je voulais faire du tir en utilisant une réplique moderne, car ma collection, en dehors du Gras, ne comportait pas (encore) d'arme en état de tir.

    J'ai acquis ma première arme de tir par échange. Je possédais un pistolet de Gendarmerie Mle An IX, malheureusement transformé à percussion et sur un forum, un gars me l'a échangé contre … un « U.S. Rifle Model 1841 Mississippi », une réplique italienne de chez Euroarms. Ce fusil n'était pas raide neuf mais juste rodé. Il possède un canon très épais - et lourd - au calibre .54, c'est à dire 13,8 mm rayé de 7 rayures.

    Une arme magnifique et assez lourde : 4,7 kg.

    Voici le dessin de ce fusil, plutôt un mousqueton, d'ailleurs (1,24 m) :

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    Le fusil était fourni avec un moule minié Pedersoli et surtout un recalibreur fait aux mesures du canon. J'expliquerai plus loin l'importance de ces deux outils.

    Puis j'ai pris contact avec un club pratiquant les armes à poudre noire à 30 km de chez moi. J'ai pu rencontrer un tireur aux armes anciennes expérimenté, Vincent X., qui m'a guidé et m'a fait progresser pendant 3 ans !

    Sur les conseils de Vincent, je me suis procuré de la bonne poudre noire, de la Suisse N°2, la meilleure. Des amorces à ailettes pour fusil, 3 fois plus grosses que celles pour revolvers.

    J'ai acheté ensuite les accessoires indispensables :

    - Une baguette de chargement et de nettoyage en fibre de verre avec embouts pousse-balle, lavoir et tire-balle.
    - Une cheminée de rechange.
    - Des tubes-doses pour les charges de poudre.
    - Une balance à poudre au dixième de grain.
    - De la graisse pour graisser les ogives.
    - De l'huile d'arme en bombe.
    - Des patches de nettoyage.
    - Du dissolvant pour éliminer les résidus de poudre noire.
    - Un démonte-cheminée.
    - Un four à plomb.

    Puis j'ai commencé à couler quelques balles. C'est pas évident au début mais on finit par prendre le coup.

    J'ai pesé une quinzaine de charges de poudre, ayant auparavant pris conseil auprès de Vincent pour connaître le poids nécessaire.

    Et enfin, le grand jour est arrivé : le premier tir avec mon Mississipi.

    Je suis allé à Beaumont, j'ai posé une cible à 50 mètres. J'ai pris le fusil, un coup de patch pour déshuiler le canon, puis un coup de soufflette dans la cheminée pour dégager les éventuells bouchons de crasse.

    Je verse une charge dans le canon, je pose une balle sur la bouche du canon, je la descend à la baguette, deux ou trois coups de baguette pour bien la siéger sur la poudre.

    Je pose une amorce sur la cheminée : Le fusil est chargé et amorcé.

    Je prends la position, j'aligne les éléments sur ma cible. L'arme est très lourde, la prise de visée devra être rapide sinon, risque de crispation des bras.

    J'arme le chien. Je presse la détente.

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    Un choc assez sec en même temps qu'une bonne détonation, la vision fugitive d'une flamme, un panache de fumée blanche.

    Je trouve ça excellent ! Vraiment excitant. Ça me plaît beaucoup.

    J'enchaîne les coups. Une série de 13 (comme en compétition) pour prendre la mesure de l'arme.

    Voici mon premier carton :

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    Dix impacts en cible, mais pour un premier tir sur une arme inconnue, dans une discipline inconnue, c'est quand même encourageant. J'adore ça. Je sors du pas de tir complètement rincé mais super heureux.

    Je ne vais pas vous prendre le chou avec tous mes tirs les uns après les autres, mais si j'ai voulu détailler le premier, c'est que bien des choses vont changer dans ma pratique du tir, au fur et à mesure de ces tirs.

    Je vous expliquerai quelles sont les différentes disciplines que l'on peut pratiquer en armes anciennes/armes longues, car ce sont aussi des compétitions sportives avec des règles précises.

    Dans les prochaînes pages, je reviendrai également en détail sur tous les éléments du tir à l'arme longue tirant la balle à jupe, réplique ou origine.

    Nous verrons que tout a de l'importance :

    - Choix du plomb
    - Choix d'une ogive
    - Coulage des ogives
    - Graissage des ogives
    - Type et poids de poudre
    - Utilisation de la baguette pour charger
    - Corrections et contre-visées
    - Réglage des éléments de visée
    - Prise de visée
    - Position du corps
    - Utilisation de la bretelle

    Mais, avant de nous quitter, voici un petit historique du fusil Mississippi et quelques photos.

    Ce fusil sera la première arme 1/ rayée et 2/ à percussion adoptée par les USA d'après un prototype préparé en 1841 à l'arsenal de Harpers Ferry. Il sera mis en fabrication de 1844 jusqu'en 1855 à raison de 26000 à Harpers ferry et 46000 à Springfield.

    Il recevra le surnom de Mississippi au cours de la guerre de 1847 contre le Mexique ou il équipa le 1 er Régiment du Mississippi. Il fut remarqué par sa précision, sa robustesse et sa simplicité d'emploi. Il tirait alors une balle ronde sur calepin gras. Durant la guerre civile, il adoptera la balle 'minié'. Utilisé par le Nord comme le par Sud pendant ce conflit, il sera réalésé au calibre de 58 par les 'rebs' pour simplifier l'approvisionnement en munitions.

    De nos jours cette arme est devenue très rare et sa cote aux USA dépasse les $ 3000 pour un exemplaire non modifié.

    1 - L'arme vue de profil : un saisissant contraste de couleurs et de matières, noyer brun noir, laiton doré, canon tabac. Un dessin très inspiré des réalisations françaises du début du XIXe siècle. Un américanisme notable : la grande patchbox de la crosse, héritage des 'long rifles' traditionnels. Cette boîte contenait une cheminée de rechange et quelques chiffons gras (patches). Le fusil est très solidement fabriqué, une monture en noyer rouge supportant un épais canon. Eléments de vidée très simples : cran de mire fixe monté à queue d'aronde, guidon en lame.

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    La platine et le canon. Rond, le canon présente deux méplats latéraux sur les 15 premiers cm. La masselotte est prise de forge dans la culasse.

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    La platine. Chien trappu, masselotte décalée à droite. On note l'Aigle américaine frappée sur la pièce. Bien visible aussi, le montage à queue d'aronde du crand de mire. Le canon est bronzé tabac alors que la platine et le chien sont jaspés. Le battant de bretelle est monté à la française sur le pontet.

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    Le fusil équipé d'une bretelle pour une séance de tir à 100 mètres en position couché. Aussi surprenant que cela paraisse compte tenu de la rusticité de ses éléments de visée, l'arme est aussi précise tirée à bras francs à 50 mètres que couché à 100 mètres.

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part 2

    A bientôt


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  • Cette rubrique ne pouvait pas rester vide indéfiniment.

    Cependant, avant d'aborder le thème-titre « le tir aux armes anciennes », il n'est peut-être pas inutile de lister les différentes armes avec lesquelles j'ai pratiqué le tir avant de passer aux armes anciennes.

    Comme (presque) tous les français nés avant 1979, j'ai fait mes premiers vrais tirs sur des armes de guerre.
    Entre autres :

    Le fusil Mas 36

    Le tir sportif aux armes anciennes - Introduction

     

    Le FSA Mas 49/56

    Le tir sportif aux armes anciennes - Introduction

     
    Les armes individuelles :
    -    Fusil Mas 36 cal 7,5 mm
    -    FSA Mas 49 cal 7,5 mm
    -    FSA Mas 49/56 cal 7,5 mm
    -    FSA Mas 49/56 MSE cal 7,5 mm
    -    FR-F1 cal 7,5 mm
    -    FA Mas cal 5,56 mm
    -    PM Mat 49 cal 9 mm
    -    PA Mac 50 de 9 mm

    Les armes collectives :
    -    FM AA-52 cal 7,5 mm
    -    LRAC de 73 mm Mle 50
    -    LRAC de 89 mm Mle F1
    -    Mitrailleuse Mac 31 cal 7,5 mm
    -    Mitrailleuse AA-NF1 cal 7,62 Otan
    -    Mitrailleuse lourde cal 12,7 mm

    Les armes de destruction massive :
    -    Canon de 90 mm (char léger AMX-13)
    -    Canon de 105 mm (char de bataille AMX-30)
    -    Canon de 105 mm (engin blindé de reconnaissance AMX-10RC)
    -    Missiles A/C Milan

    Mes armes préférées dans chaque catégorie : le FSA 49/56 MSE, la mitrailleuse de 12,7 et le canon de 90 du '13'

    À propos, y'a pas de raisons, j'ai dessiné le 36 et le 49/56, alors voici un AMX-13 :

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part. 1 Introduction

    Et tant qu'à faire, c'est comme ça, dans un AMX-13 :

    Le tir sportif aux armes anciennes - Part. 1 Introduction

    Il faudrait aussi citer les différentes grenades à main et à fusil, les mines antipersonnel, les bondissantes, les indétectables, les mines antichar, les plates, celles à action horizontale, etc …. Et aussi pas mal de pains de Plastic, pétards de TNT et autres cordeaux détonnants.

    Tout ça pour avouer que, si j'ai une certaine expérience pratique du tir … je n'ai réellement pratiqué le tir sportif tout court et aux armes anciennes en particulier que depuis peu de temps.

    Seulement depuis juillet 2010 pour être précis.

    La suite au prochain numéro, pour entrer dans le vif du sujet ...


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  • Voici un nouveau personnage.

    Et quel personnage !

    Vous le connaissez déjà, puisqu'il pose fièrement sur le bandeau titre de ce blog.

    Voici le Caporal de la Légion Étrangère dans l'Expédition du Mexique en 1863.

    J'ai dessiné ce portrait d'après une aquarelle de Pierre Benigni.

    La Légion n'a pas participé aux premiers combats de cette campagne et il a fallu que les officiers du Régiment Étranger se mettent à la limite de l'indiscipline pour que la Légion y soit envoyée.

    En 1863, la mission de la Légion est d'assurer la sécurité de la route de Vera Cruz, la base arrière de l'expédition, à Puebla alors assiégée. Toute la logistique Française utilise cette route qui traverse une zone appelée 'Les Terres Chaudes' réputée pour son climat extrême et les maladies tropicales qui y sévissent. Les Mexicains y mènent une guérilla s'appuyant sur des unités régulières et des guerilleros à cheval.

    Cette mission sera le cadre d'un combat célèbre : la bataille de Camerone le 30 avril 1863 au cours duquel 3 officiers, 5 sous-officiers, 6 caporaux et 51 légionnaires vont affronter 1200 fantassins et 800 cavaliers.

    Depuis, le combat de Camerone est célébré par toutes les unités de Légion comme représentatif de l'esprit qui l'anime :
    • caractère sacré de la mission menée jusqu'au bout, s'il le faut au prix de la vie,
    • discipline et fraternité sans failles,
    • ténacité et courage au combat.

    Revenons à notre homme :

    Légionnaire au Mexique - 1863

    C'est un caporal.

    Il porte la tenue réglementaire de l'armée, mais il a remplacé le képi par le sombrero local.
    L'arme est un fusil modèle 1853 T ou 1857 - ils sont quasi identiques - une arme rayée de 17,8 millimètres, à chargement par la bouche, à un coup, tirant la balle modèle 1857 de 36 grammes. Le soldat porte 60 cartouches.

    Le fusil est équipé de sa baïonnette modèle 1847, une solide lame de 47 cm de long montée sur douille.

    Ce fusil permet d'effectuer des tirs précis jusqu'à 200 mètres. Sa cadence de tir est d'environ 3 coups à la minute.

    A bientôt.


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