• Aujourd'hui, je vous propose un sympathique modèle de Sabre de Sous-Officier d'Infanterie aux tout débuts de la Révolution, probablement entre la fin de l'année 1789 et l'été de 1790.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier à garde tournante

    Ce sabre est dit "à garde tournante". Ces armes ont été fabriquées sur une assez courte période allant des années 1780 jusqu'au Directoire.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    L'arme est intéressante à plusieurs titres :

    - par son système de garde pliante.
    - par les slogans portés des deux côtés de la lame.
    - par la signature du fourbisseur.

    Le sabre se présente comme un "petit Montmorency" avec sa lame courbe, assez courte et creusée d'un large pan creux.
    Il est plutôt court, 80,5 cm hors tout et très léger : 500 grammes.
    Sa lame mesure 67,5 cm, elle est large de 2,7 cm et épaisse au fort de 8 mm. La flèche est de 2 cm.

    La poignée, très caractéristique du type.

    Comme toujours, la poignée en bois est traversée par la soie de la lame. Cette pièce de bois est enroulée d'une ficelle. Sur le tout est collée une pièce de basane noire, elle-même entourée d'un triple filigrane composé d'un fil de laiton torsadé entouré de deux fils simples. Ce type de filigrane, très décoratif, assure une bonne prise en mains.

    Au bas de la poignée est inséré une virole en laiton qui reçoit la queue de la calotte, cette pièce qui surmonte l'ensemble et assure à la fois le rivetage de la soie et l'axe de rotation supérieur de la branche de garde mobile.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Sous la poignée, un plateau de garde ovale, largement ajouré, vient s'intercaler entre la lame et la poignée. Il donne naissance à un arc de jointure - ou branche de garde - arrondi qui vient se fixer sous la calotte. Sous le plateau de garde se trouve l'axe de rotation inférieur de la fameuse "garde tournante" ou branche de garde mobile. S'y trouve également le système permettant de verrouiller cette pièce lorsqu'elle est déployée.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Sur cette photo de la poignée, branche de garde repliée, on voit distinctement le verrou et son poussoir :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Lorsque la branche de garde est déployée à 90°, elle vient se verrouiller sous le plateau de garde. Sous la pression de sa lame-ressort, le doigt de verrouillage vient bloquer la branche mobile :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Cette vue de dos nous montre la longue queue de la calotte brasée dans la virole inférieure de la poignée. Sur le plateau de garde, le bouton en fer permettant le déverrouillage de la branche de garde mobile : 

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante 

    La lame du sabre.

    Cette lame présente plusieurs textes gravés que nous allons examiner.

    La partie droite porte ce slogan : " VIVE LE ROŸ . VIVE LA NATION". Cette véritable profession de foi détermine aisément la période ou a été faite cette lame, probablement entre l'hiver 1789 et l'été 1790.
    La Fête de la Fédération, en particulier, célèbrera à la fois le Roi et la Nation, mais aussi la jeune Garde Nationale du marquis de Lafayette :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    De l'autre côté, une autre maxime proclame : "VIVE LA GARDE NATIONAL". (Sans E). Ce vigoureux slogan nous conforte dans la quasi certitude de l'époque ou a été forgée la lame du sabre.
    La Garde Nationale fut crée la veille de la prise de la Bastille et, sous les ordres de Lafayette, joua un grand rôle dans le déroulement de la Révolution. Précisons que le Drapeau Tricolore est né au sein des bataillons de la Garde Nationale :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    La lame de ce sabre a été faite fort loin de Paris. En effet, le talon de la lame porte la signature du fourbisseur : "VEUVE GOZE & FILS Maîtres FOURBISSEURS À METZ".
    Nous possédions déjà la Manufacture d'Alsace, dédiée à la fabrication de nos baïonnettes et des lames de nos sabres. Mais en ces temps ou la désorganisation du royaume était une réalité, une foule de fourbisseurs, de forgerons et d'armuriers "citoyens" était appelée à augmenter une production que la future Manufacture de Klingenthal avait bien du mal à assurer seule :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Conclusion.

     

    Cette très belle arme est bien caractéristique des productions - et de la mode - de son époque.

    Un sabre très évocateur des premiers temps de la Révolution, en un moment ou la France, unie autour de l'idée de Nation et de la personne du Roi, se dirigeait vers une hypothétique monarchie constitutionnelle. Cela ne devait pas durer et allait rapidement se terminer en jus de guillotine.

    Il nous ramène vers la figure de celui qui était - et constitue toujours - le système nerveux de nos armées : le Sous-Officier.

    Très discrets et la plupart du temps restés dans l'oubli de l'Histoire, les Sous-Officiers ont le rôle essentiel de régler l'ordonnance des troupes, de faire exécuter les ordres de leur Officiers et même de les remplacer au combat.
    Progressivement, le Sous-Officier deviendra un Chef à part entière, son sens tactique et son instinct du combat le rendra incontournable.

    Et, par dessous tout, le Sous-Officier sera toujours un exemple à suivre pour ses hommes.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    À bientôt !


    votre commentaire
  • Voici une pièce plutôt intéressante qui, sans être vraiment rare, ne se rencontre pas sous les sabots d'un cheval.

    Son dessin n'est pas inconnu sur ce blog (Voir les sabres 1767), mais présente plusieurs différences qui changent son appellation.

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite

    D'après le gros ouvrage de J. Lhoste et P. Resek "Les Sabres portés par l'Armée Française", il s'agit d'un Sabre d'Infanterie des Compagnies d'Élite.

    Ces sabres sont très inspirés par les Sabres de Grenadier 1767.

    Comme leurs devanciers, ils ont une monture en deux parties, la poignée d'une part et l'arc de jointure-plateau de garde d'autre part. L'arc de jointure vient s'encastrer sous la calotte et la poignée vient serrer le plateau de garde sur la lame par le point de rivure du sommet de la calotte.

    La poignée ne comporte pas les cannelures habituelles, mais est agrémentée de seize facettes longitudinales qui en font le tour. Les oreillons ont disparu. La garde a également perdu ses oreillons.

    Si l'arc de jointure est de forme classique, le plateau de garde est simplement une plaque de laiton assez fine (3 mm) et aplatie, découpée en arrondis.

    La lame en fer forgé est bien conservée, probablement d'origine allemande, de style Montmorency . Elle est plate hormis une longue gouttière qui suit le talon. Plutôt mince avec une épaisseur de 0,5 cm. Pas de poinçon de fourbisseur, aucune marque de manufacture.

    Cependant, un beau marquage GR couronné a été profondément poinçonné des deux côtés de sa lame. Ces initiales sont bien connues : GR pour Georges Rex, c'est à dire le Roi d'Angleterre Georges III, implacable ennemi de la France qu'elle fut royale, révolutionnaire ou impériale.

    Cela ne peut signifier qu'une chose : ce sabre a été pris par les anglais, probablement en mer sur un navire Français, puis comme les Anglais savent reconnaître une bonne arme, il a été marqué pour réclamer et affirmer sa nouvelle appartenance. Ce sabre est certainement une prise de guerre.


    Examinons l'arme en détail.


    De profil, la poignée montre la simplicité de son décor à facettes, la calotte en forme de bonnet surmontée du gros point de rivure de la soie :

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite

    L'arc de jointure est de forme standard, élargi en haut, aux bords taillés en biseau : 

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite

    Le plateau de garde à 90° de l'arc de jointure est absolument plat, découpé en arrondis et assez fin avec une épaisseur de 0,3 cm : 

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite

    Gros plan sur les deux poinçons au monogramme GR couronné du roi d'Angleterre Georges III :

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite

    Donnons enfin les dimensions du sabre :

    Un sabre d'infanterie des Compagnies d'Élite


    Conclusion.


    Une pièce des plus passionnantes, témoin d'une période charnière de notre histoire, ayant marquée durablement le cours du monde.

    L'affrontement de cinq cent ans entre la France et l'Angleterre qui dure depuis le XIVe siècle va bientôt prendre fin avec la chute de l'Empire en 1815. La domination anglaise sur les Sept Mers va lui donner accès aux immenses richesses d'un empire qui s'étendra partout.

    La France va lentement entreprendre sa reconstruction après les terribles pertes des guerres européennes de Napoléon Ier. Une période de paix d'une cinquantaine d'années lui permettra de reprendre sa place en Europe continentale, avant que le désastre de 1870 ne voit l'émergence de l'Allemagne, nouvelle puissance militaire.

    La collection des armes anciennes est toujours un excellent moyen de pénétrer notre histoire dans ses détails afin de la comprendre concrètement.

    À bientôt.


    votre commentaire
  • Ce matin : au diable le confinement !

    Je vais vous transporter au Château de Versailles pour y découvrir une très jolie épée de cour, faite sous le règne de Louis XV, vers 1760-1770.

    Elle appartenait à un bon oncle qui m'en fit cadeau il y a ... près de 45 ans.

     

    **************

     

    Une épée de cour, qu'est-ce que c'est ?

    C'est une épée courte, légère et le plus souvent assez décorée.
    L'Étiquette en vigueur imposait le port visible de l'épée pour toute personne appartenant à la noblesse se rendant au château de Versailles, même sans rencontrer le Roi.
    Il existait d'ailleurs un service de location d'épées aux portes du château, permettant aux étourdis de se mettre en règle.
    Il s'agit cependant d'une véritable arme blanche apportant un sérieux moyen de défense à son porteur.

    Une épée de Cour vers 1760 - 1770

    Elle est plutôt courte avec ses 83 cm de longueur totale.
    La lame, droite, de section en losange, est à deux tranchants et une arête centrale.
    Elle mesure 67 cm de long, sa largeur au fort est de 2,8 cm.

    Une épée de Cour vers 1760 - 1770

    Elle a malheureusement perdu son fourreau ... et les cousins l'ont copieusement ébréchée en jouant au pirates ...

    Cette petite épée est néanmoins très intéressante par sa poignée et le décor de la lame :

    L'épée de Cour sous Louis XV

    La poignée est entièrement en fer, protégée par un arc de jointure assez fin et qui vient se bloquer dans un fort pommeau portant le bouton de rivure de la soie.
    La garde est composée d'un pontat ovale au pourtour à décor perlé, surmonté un pas d'âne lui-même surmonté par la garde et un court quillon.

    La poignée proprement dite est constituée d'une fusée en bois entièrement recouverte d'un filigrane de fil de fer en chainette bloqué par deux nœuds de fils de fer tressé.

    L'ensemble, assemblé serré, est resté bien solide tout en étant très léger. Il n'y a aucun jeu :

    L'épée de Cour sous Louis XV

    La lame est entièrement décorée de gravures qui se répètent à l'identique des deux côtés. Il reste des traces de dorures au fond de certains motifs.

    Un curieux motif à entrelacs est gravé en haut de la lame, surmontant un cartouche ovale portant notamment une étoile et une couronne, surmontant encore deux C majuscule entrelacés entourant une croix : 

    L'épée de Cour sous Louis XV

    Suivent des motifs floraux, puis, vers le milieu de la lame, deux personnages portant l'auréole l'un au dessus de l'autre chacun surmonté de son nom : St JOHANNES et St PHILIPPUS. N'oublions pas que le latin était (et est toujours) la langue officielle de l'Église : 

    L'épée de Cour sous Louis XV

    Enfin, le décor se termine en motifs géométriques divers ...

     

    **************

     

    Cette très jolie pièce est le témoin de coutumes totalement incompréhensibles de nos jours.

    Il nous faut, pour comprendre notre histoire, accepter de nous défaire de tout ce que notre mode de vie actuel a fait de nous. Sans quoi, la tentation est grande alors, de contempler le passé avec des lunettes du XXIe siècle ... l'anachronisme est une maladie grave.

    Loin de n'être qu'un accessoire de mode, l'épée était le signe visible de la noblesse, catégorie sociale dévolue uniquement au métier des armes. Les nobles n'étaient pas assujettis à l'impôt ... hormis l'impôt du sang. Avant de détenir des privilèges de moins en moins bien tolérés, la noblesse avait surtout la charge de faire la guerre aux côtés du Roi.

    A bientôt.


    votre commentaire
  • Ce soir, un petit sabre que nous connaissons déjà vient se rappeler à notre bon souvenir. 
    Nous avons déjà eu l'occasion de le présenter il y a 6 ans.
    Il s'agissait en fait de l'une des premières armes blanches de ma collection, offerte par mon vieux Papa il y a ... 35 ans !

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Nous voici donc en présence d'un nouvel exemplaire du Sabre Briquet Modèle AN XI :

    Un sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Du fer, du laiton, du cuir ... l'équilibre des formes, des matières et des couleurs.
    C'est vraiment un très bel objet. 

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    La lame est plate et sans gouttière, la pointe montre un contre-tranchant assez court :

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Ce sabre nous apporte plusieurs choses : un fourreau et un magnifique ensemble de poinçons et de marquages.

    En effet, première différence d'avec son aîné, celui-ci a un fourreau, complet et en bon état. C'est un fourreau de l'armée régulière, cela se voit au pontet brasé sur la chape. Ce pontet recevait une languette en cuir permettant d'assujettir le fourreau dans le gousset du baudrier. Les sabres destinés à la Garde Nationale recevaient un fourreau avec un bouton à la place du pontet.

    Ceci étant dit, ce fourreau n'est probablement pas LE SIEN, mais ce fourreau a été fait à Versailles comme l'attestent ses poinçons. Le sabre a été matriculé lors de son affectation en corps de troupe, on voit ci dessous le matricule 3101 frappé sur la garde. Normalement, le fourreau devrait avoir reçu le même matricule. Ici, le fourreau ne l'a pas.

    Le pontet de la chape et le matricule du sabre :

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Deuxième différence, le sabre possède son marquage réglementaire et ses poinçons de réception.

    Premier marquage, la mention VERSAILLES frappée sur la garde. En effet, cette ville abritait un établissement qui procédait à certains assemblages d'armes blanches. la Manufacture de Versailles fermera courant 1818 ... juste après avoir assemblé et validé ce sabre.

    Nous avons aussi la suite des poinçons des cadres de cet établissement :
    - Le poinçon N sur la poignée est le poinçon du Commandant Louis Nottret qui était inspecteur de 1816 à 1818.
    - Le B étoilé est celui du contrôleur Philippe Bick (1814-1818)
    - Le D étoilé est le poinçon du contrôleur Jean-Baptiste Deschaseaux (1806 à 1818)

    Le poinçon du Commandant Nottret et le nom de la Manufacture VERSAILLES :

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Le poinçon de Philippe Bick sur la garde :

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Les poinçons de J-B Deschaseaux et de Philippe Bick sur la chape du fourreau :

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Au dos de la lame, nous découvrons le marquage de la Manufacture ayant fabriqué la lame :
    Manufacture Royale du Klingnethal Janvier 1818.

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Nous avons aussi sur le plat de la lame les poinçons des différents cadres de Klingenthal :
    - celui du Chef de Bataillon Joseph KRANTZ, Directeur (1816-1818)
    - celui du 1er Contrôleur Jean-Georges BICK (1809-1824)
    - celui du Réviseur François LOBSTEIN (1804-1821)

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Comme la chape, la bouterolle est retenue par une agrafe :

    Un Sabre Briquet Modèle An XI de la seconde Restauration

    Sur cet intéressant petit sabre fait sous Louis XVIII, nous venons de découvrir deux Manufactures et six cadres dirigeants grâce à leurs poinçons. Une arme ancienne "se lit" comme un bon roman ...

    Et j'aime à souligner cette homonymie de deux contrôleurs différents appartenant à deux manufactures distinctes, portant le même nom - Bick de Klingenthal et Bick de Versailles - et ayant tous deux poinçonné le même sabre !

    A bientôt


    votre commentaire
  • Bonjour à tous,

    Il est enfin arrivé !

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier de la Garde Impériale

    Voici le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d’Infanterie de la Garde Impériale.

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

    Comme vous le constaterez, il est magnifique.

    Le Sabre de S/Officier de la Garde 1854 est le dernier avatar de la longue série des Sabres d'Officier d'Infanterie Mle 1821. Ils sont quasiment identiques, présentation, dimensions, équilibre. Sa poignée est en laiton sans dorures mais avec décor de lauriers, de fleurons et de palmettes.

    La lame est quasiment neuve avec un marquage de toute beauté, cravate bien épaisse.
    Le fourreau est nickel, les garnitures sont bien serrées, le cuir solide et complet.
    C’est un fourreau postérieur à 1865 au cuir estampé. Matriculé 209 sur la chape.
    La poignée est en corne noire, branche de garde poinçonnée et matriculée 209. 
    Sabre et fourreau sont au même numéro. Sur une arme aussi rare, c'est exceptionnel.

    Son filigrane a été remplacé. Aucun jeu, aucune déformation. Enfin, une belle dragonne en cuir, complète et pas desséchée vient l’habiller.

    Le marquage au dos de la lame :
    Manufacture Impériale de Châtellerault - Mars 1856 - S. Officier d’Infanterie de la garde Mle 1854.

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    Les poinçons de la poignée :

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    La poignée, sa dragonne en cuir, le poli de la lame sur les 5 premiers cm :

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    La chape du fourreau, son entrée à dos carré :

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    La chape, avec son n° matricule 209 porté en tout petits caractères. Sa vis de maintien et les poinçons des contrôleurs et réviseurs, le cuir avec le tampon à chaud - quasiment effacé -du bourrelier :

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    Voici les dimensions du sabre :

    Longueur totale dans le fourreau : 92 cm
    Longueur totale sans le fourreau : 90 cm
    Longueur de la lame : 75,5 cm
    Largeur maxi de la lame : 2,7 cm
    Épaisseur maxi de la lame : 9 mm
    Poids avec le fourreau : 1,10 Kg

    Ce sabre est exactement comme celui que Lhoste et Resek décrivent page 283 de leur bible. Sauf que le fourreau a conservé ses trois garnitures, sa chape est bien munie d’une vis …

    Il va rejoindre un vieux copain, ce Fusil de Voltigeur de la Garde Modèle 1854 :

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    Pour finir, le voici en compagnie du Sabre d’Officier d’Infanterie Modèle 1821 (Manufacture Royale du Klingenthal Août 1822) :

    Le Sabre Modèle 1854 de Sous-Officier d'Infanterie de la Garde Impériale

     
    J'ajoute que cette arme est très rarement rencontrée.

    Effectivement, ces sabres n'ont équipé que les Sous-Officiers des Régiments d'Infanterie de la Garde :
    - Les 1er, 2ème et 3ème Régiments de Grenadiers de la Garde
    - Les 1er, 2ème, 3ème et 4ème régiments de Voltigeurs de la Garde
    - Le régiment de Zouaves de la Garde
    - Le Bataillon de Chasseurs à Pied de la Garde

    Soit 25 bataillons. Quelques centaines de sabres. Une toute petite production donc.

    A bientôt.


    8 commentaires
  • Rebonjour à tous !

    En cette presque veille de Noël, voici le cadeau qu'une jolie petite fiancée à offert à un beau Sous-Lieutenant. Nous étions alors en 1825, sous le règne du roi Charles X.

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

     

    Il s'agit d'un Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821 et qui a été commandé auprès d'un armurier privé. En effet, cette arme diffère par plusieurs points du modèle réglementaire.

    Le Sabre réglementaire porte un marquage réglementaire au dos de la lame, reprenant le nom de la manufacture et l'année de sa fabrication. Par exemple : Manuf Rle de Klingenthal - Mai 1823. La lame est en fer forgé - un acier en réalité - la garde est en laiton doré et la poignée est en bois recouvert de basane noire et filigranée de laiton torsadé.

    Ici, notre jolie fiancée a choisi un sabre avec plusieurs options que nous découvrirons plus loin.

    Au final, une très belle arme qui a certainement fait grand effet auprès de notre bouillant Sous-Lieutenant. Nous pensons cependant que les yeux brillants et les douces lèvres de la future épousée ont constitué des arguments également convaincants en tant que preuves de tendresse ...

    Pour finir, le beau cadeau de Noël 1825 est resté dans la famille de notre Sous-Lieutenant, lequel a fini sa carrière en 1859 au grade de Colonel, cinq fois blessé, 9 fois décoré, et en 1855 fait Chevalier de la Légion d'Honneur sous Sébastopol. Il décèdera en 1879, dans son lit, veillé par ses 6 enfants et ses 15 petits-enfants. Il y a belle lurette qu'il a oublié son cadeau de Noël, abandonné dans un coin du grenier. Et c'est tant mieux pour nous, car l'arme est restée quasiment dans son état d'origine. Dans les années 60, il a fini par être vendu entre un vieux piano et un service à café au détour de la succession de l'un de ses descendants. Et, bien plus tard, par atterrir chez moi pour mon plus grand plaisir.

    Comme quoi, les beaux yeux d'un Sous-Lieutenant de 1825 ont eu des effets à long terme ...

    Mais revenons à cette belle arme.

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

     

    Le fourreau est complet, pas desséché ni décousu. Il a juste été plié durant pas mal de temps, mais comme il est resté bien souple, il n'y a aucune déchirure. Il est du modèle à deux garnitures, la chape et son bouton en forme d'écu, et la bouterolle. Le fourreau est en cuir noirci et cousu, il est sobrement agrémenté de deux minces filets en creux. Mais surtout, il existe encore !

    La chape et son bouton de suspension. Un remarquable état de conservation :

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

     

    On ne peut qu'être séduit par l'équilibre des formes de l'arme, tout autant que par le jeu contrasté des matières et des couleurs. Une très belle réalisation :

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821 

    La poignée est magnifique. Un laiton rosé du plus bel effet, galuchat gris et filigrane tressé : il s'agit d'un travail artisanal très soigné. On remarque la discrète branche de garde naissant à la deuxième moitié de l'arc de jointure et venant rejoindre le plateau en son milieu. Le goût des armuriers français a été souvent une marque d'excellence :

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

     

    Le plateau de garde est creux comme on peut le voir ici :

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

     

    Pour terminer notre description, voici quelques images permettant de comparer notre arme avec un autre sabre 1821. 
    Le modèle ce cette présentation est celui du bas de la photo. La flèche de la lame est moins prononcée autant que le module de la garde est plus épais. Mais cependant, il s'agit bien de deux sabres Mle 1821 :

    Le Sabre d'Officier d'Infanterie Modèle 1821

     
    Pour finir, voici les mensurations du sabre :

    Longueur totale avec fourreau : 95 cm
    Longueur de la lame : 76 cm
    Longueur du fourreau : 78 cm
    Largeur maximum de la lame : 30 mm
    Épaisseur maximum de la lame : 8 mm
    Poids du sabre nu : 740 grammes.

    À bientôt pour de nouvelles découvertes !


    1 commentaire
  • Voici la Marine qui s'invite sur ce blog !

    Je vous présente ce Sabre de Bord Modèle 1833 plus connu du grand public sous le sobriquet de cuillère à pot en référence à sa garde particulière.

    Dans nos Manufactures (Klingenthal sera vite remplacé par Châtellerault), il remplace le Sabre de Bord Modèle AN IX dont il reste fortement inspiré. Il s'agit du dernier sabre spécifiquement fait pour la Marine qui, à cette époque, était toujours en bois et à voile. 

    L'assaut et la prise par abordage du navire enn emi était toujours prévu - c'était même un sport d'équipe beaucoup pratiqué dans la région de St Malo - et on avait donné à nos équipages des armes particulières destinées à un usage en milieu confiné. C'est ainsi que le Sabre 1833 côtoyait la Hache de Bord Mle 1833 et le pistolet de Marine Mle 1837.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    D'un dessin fort simple, le Sabre 1833 est compact et plutôt court, dans son fourreau il mesure 82 cm de long.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    La lame est solidement établie en fer forgé. Dimensions : 68 cm de longueur, 3,7 cm de largeur et 1 cm d'épaisseur au fort. Elle est légèrement courbe avec une flèche d'1,4 cm. La lame est plate et présente une large gouttière sur les 4/5e de sa longueur.

    La lame est ici d'une finition glacée, présentant la particularité d'un polissage en long, sauf sur ses 7 premiers centimètres ou l'on remarque un contre-poli. L'effet décoratif est étonnant. Une belle ancre est gravée de part et d'autre de la lame, l'enjalement de l'ancre se trouvant à la limite des polissages, anneau vers la pointe.

    Une forte cravate en cuir noirci est emprisonnée entre la lame et la poignée, elle sert à amortir le choc du sabre sur le fourreau.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    Le marquage réglementaire est posé au talon de la lame : Manufacture Rle de Châtellerault Avril 1842 en cursives italiques.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    La poignée est en fer forgé habillé de bois recouvert de tôle, elle présente 8 faces. La garde est en deux parties soudées, la garde proprement dite et une coquille arrondie enveloppant la poignée. Le point de rivure est classiquement au sommet. L'ensemble est peint d'une épaisse couleur noire.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833Le Sabre de Bord Modèle 1833

    Le fourreau est en cuir noirci et cousu. Il est sobrement décoré de deux filets en creux. Il comporte deux garnitures en laiton agrafées de chaque côté :

    - La chape porte un large pontet qui possède toujours sa pattelette en cuir prévue pour se fixer à une boucle à ardillon portée par le baudrier.

    - La bouterolle qui se ferme par une bille en laiton.

    Le fourreau est resté souple et solide, mais on notera qu'il s'est rétracté de 3 mm dans sa longueur, preuve de son âge avancé.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    La chape porte un minuscule poinçon : une ancre est frappée à son sommet, juste au dessus du pontet.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    Magnifique témoin de notre histoire, cette arme est resté dans un état splendide. Manifestement jamais utilisé, sa lame n'a pas été aiguisée. On trouve encore cette belle arme chez les professionnels de l'arme ancienne ou sur les sites d'enchères, mais rares sont restés aussi fringants.

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

    A bientôt

     

    Le Sabre de Bord Modèle 1833

     

     

     

     

     

     

    Source image : wikipedia


    votre commentaire
  • Bonjour,

    Voici un Sabre Modèle 1767 composite, un "assemblage révolutionnaire" :

    Un sabre Modèle 1767 composite

    Certainement à la suite d'un accident ou elle a perdu sa lame, une poignée Modèle 1767 a été emmanchée sur une lame de récupération. Probablement celle d'un sabre de cavalerie, car très épaisse et possédant une large gouttière.

    Cette lame est fortement piquée et on n'y voit aucun poinçon ni marquage.
    (Je précise de ce n'est pas la lame d'un 1821, ni 1822 ni d'un 1845/55 )

    Gros plan de la poignée.
    Il s'agit bien d'une poignée Mle 1767 composée de deux pièces en laiton :
    - la fusée à 19 cordons et son énorme bouton de rivure
    - l'ensemble garde-croisière avec les faux oreillons et la queue en pointe de diamant :

    Un sabre Modèle 1767 composite
    Un sabre Modèle 1767 composite
    Un sabre Modèle 1767 composite
    Un sabre Modèle 1767 composite
    Un sabre Modèle 1767 composite

    Dimensions :
    Longueur totale : 84 cm
    Longueur lame : 70 cm
    Largeur lame : 3,2 cm
    Épaisseur lame : 8 mm

    Ce sabre a certainement équipé un grenadier d'une demi-brigade de la « levée en masse ».
    On avait tenté de supprimer le terme de régiment, trop connoté "royaliste" aux oreilles de certains conventionnels ...

    Ce type de sabre est de nos jours encore relativement courant, c'est même un thème de collection en tant que tel.

    Bonne visite et à bientôt.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique