• Au tout début de la révolution : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Aujourd'hui, je vous propose un sympathique modèle de Sabre de Sous-Officier d'Infanterie aux tout débuts de la Révolution, probablement entre la fin de l'année 1789 et l'été de 1790.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier à garde tournante

    Ce sabre est dit "à garde tournante". Ces armes ont été fabriquées sur une assez courte période allant des années 1780 jusqu'au Directoire.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    L'arme est intéressante à plusieurs titres :

    - par son système de garde pliante.
    - par les slogans portés des deux côtés de la lame.
    - par la signature du fourbisseur.

    Le sabre se présente comme un "petit Montmorency" avec sa lame courbe, assez courte et creusée d'un large pan creux.
    Il est plutôt court, 80,5 cm hors tout et très léger : 500 grammes.
    Sa lame mesure 67,5 cm, elle est large de 2,7 cm et épaisse au fort de 8 mm. La flèche est de 2 cm.

    La poignée, très caractéristique du type.

    Comme toujours, la poignée en bois est traversée par la soie de la lame. Cette pièce de bois est enroulée d'une ficelle. Sur le tout est collée une pièce de basane noire, elle-même entourée d'un triple filigrane composé d'un fil de laiton torsadé entouré de deux fils simples. Ce type de filigrane, très décoratif, assure une bonne prise en mains.

    Au bas de la poignée est inséré une virole en laiton qui reçoit la queue de la calotte, cette pièce qui surmonte l'ensemble et assure à la fois le rivetage de la soie et l'axe de rotation supérieur de la branche de garde mobile.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Sous la poignée, un plateau de garde ovale, largement ajouré, vient s'intercaler entre la lame et la poignée. Il donne naissance à un arc de jointure - ou branche de garde - arrondi qui vient se fixer sous la calotte. Sous le plateau de garde se trouve l'axe de rotation inférieur de la fameuse "garde tournante" ou branche de garde mobile. S'y trouve également le système permettant de verrouiller cette pièce lorsqu'elle est déployée.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Sur cette photo de la poignée, branche de garde repliée, on voit distinctement le verrou et son poussoir :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Lorsque la branche de garde est déployée à 90°, elle vient se verrouiller sous le plateau de garde. Sous la pression de sa lame-ressort, le doigt de verrouillage vient bloquer la branche mobile :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Cette vue de dos nous montre la longue queue de la calotte brasée dans la virole inférieure de la poignée. Sur le plateau de garde, le bouton en fer permettant le déverrouillage de la branche de garde mobile : 

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante 

    La lame du sabre.

    Cette lame présente plusieurs textes gravés que nous allons examiner.

    La partie droite porte ce slogan : " VIVE LE ROŸ . VIVE LA NATION". Cette véritable profession de foi détermine aisément la période ou a été faite cette lame, probablement entre l'hiver 1789 et l'été 1790.
    La Fête de la Fédération, en particulier, célèbrera à la fois le Roi et la Nation, mais aussi la jeune Garde Nationale du marquis de Lafayette :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    De l'autre côté, une autre maxime proclame : "VIVE LA GARDE NATIONAL". (Sans E). Ce vigoureux slogan nous conforte dans la quasi certitude de l'époque ou a été forgée la lame du sabre.
    La Garde Nationale fut crée la veille de la prise de la Bastille et, sous les ordres de Lafayette, joua un grand rôle dans le déroulement de la Révolution. Précisons que le Drapeau Tricolore est né au sein des bataillons de la Garde Nationale :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    La lame de ce sabre a été faite fort loin de Paris. En effet, le talon de la lame porte la signature du fourbisseur : "VEUVE GOZE & FILS Maîtres FOURBISSEURS À METZ".
    Nous possédions déjà la Manufacture d'Alsace, dédiée à la fabrication de nos baïonnettes et des lames de nos sabres. Mais en ces temps ou la désorganisation du royaume était une réalité, une foule de fourbisseurs, de forgerons et d'armuriers "citoyens" était appelée à augmenter une production que la future Manufacture de Klingenthal avait bien du mal à assurer seule :

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    Conclusion.

     

    Cette très belle arme est bien caractéristique des productions - et de la mode - de son époque.

    Un sabre très évocateur des premiers temps de la Révolution, en un moment ou la France, unie autour de l'idée de Nation et de la personne du Roi, se dirigeait vers une hypothétique monarchie constitutionnelle. Cela ne devait pas durer et allait rapidement se terminer en jus de guillotine.

    Il nous ramène vers la figure de celui qui était - et constitue toujours - le système nerveux de nos armées : le Sous-Officier.

    Très discrets et la plupart du temps restés dans l'oubli de l'Histoire, les Sous-Officiers ont le rôle essentiel de régler l'ordonnance des troupes, de faire exécuter les ordres de leur Officiers et même de les remplacer au combat.
    Progressivement, le Sous-Officier deviendra un Chef à part entière, son sens tactique et son instinct du combat le rendra incontournable.

    Et, par dessous tout, le Sous-Officier sera toujours un exemple à suivre pour ses hommes.

    Vers 1789 : un sabre de Sous-Officier d'Infanterie à garde tournante

    À bientôt !


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