• Après plusieurs mois de calme, nous voici de retour avec une rareté : la carabine de botte.

     

    L'appellation de " carabine de botte " évoque ces armes longues qui étaient tolérées chez les officiers en tant qu’arme personnelle.

     

    Ces armes étaient portées dans un étui en cuir suspendu à la selle juste devant la jambe droite et descendant au niveau de la botte. D’où son appellation. Elles étaient destinées autant à la défense personnelle qu’à améliorer le repas au bivouac … lièvre ou faisan, renard ou marcassin.

     

    Certainement beaucoup plus utile que la paire réglementaire de pistolets 1833, 1836 ou 1842, armes magnifiques, mais … complètement inutilisables au-delà de 20 - 25 mètres. Et encore, s'agissant d'un très bon tireur.

     

    Une Carabine de Botte

     

    Cette petite carabine a été faite dans les années 1860 - 1865 par Etienne VERNAY (ou VERNEY), armurier à Saint-Etienne (Il ne serait pas surprenant qu'il soit apparenté à Claude VERNEY-CARRON, le fondateur de la maison bien connue)

     

    Voici sa description.

     

    L’arme est toute petite : 1,01 mètre.

    Et très légère : 2,75 kg.

     

    Le canon.

    Il est en fer, forgé en damas, octogonal, long de 57,8 cm. 

    Fixé à la monture par une clavette plate et par un crochet prenant sur la fausse culasse.

    Le canon est rayé de 4 rayures plates, larges de 4,8 mm. Le pas des rayures est de 1,30 mètre.

    La longueur rayée est de 56,7 cm.

    Son calibre est de 12,50 mm à fond de rayures et de 11,80 sur le plat.

    L'intérieur du canon est resté miroir et sans accident.

    Le poinçon des armuriers de St Etienne est frappé sous le canon, de même qu'une signature illisible (peut-être Vernay, mais ça ne colle pas trop), un poinçon ovale C, un matricule 45.

    La cheminée est vissée sur une grosse masselotte agrémentée d’une volute décorative débordant sur le haut de la platine.

    La masselotte est pourvue d’un orifice de visite fermant par une vis.

    Sous le canon est brasée une longue pièce en fer se terminant au raz de la bouche par un crochet.

    Cette pièce est destinée à recevoir la baguette de chargement, retenue par deux canaux brasés et bloquée par le crochet.

     

    Les éléments de visée.

    Le canon porte 3 éléments de visée.

    - Un large cran mire fixe en V, brasé sur la fausse culasse.

    - Une hausse réglable composée d’un pied formant cran de mire, supportant une planchette relevante portant 4 crans. 

    Aucune indication de portée. Le pied de hausse est posé à queue d’aronde sur le canon, il est donc réglable en direction.

    - Un guidon à lame, posé par queue d’aronde au bout du canon.

     

    A noter : le cran de mire fixe de la fausse culasse est totalement inutile sur ce canon, car ce cran est masqué par la hausse réglable… 

    Mais sa présence ne peut signifier qu'une chose : un deuxième canon devait exister, dépourvu de hausse, probablement lisse et destiné au tir de grenaille. En effet, le démontage du canon - donc son échange -  est l'affaire d'un instant : sortir une clavette.

     

    La platine.

    Elle est conforme à celles qui équipaient les armes de chasse du temps : ressort en avant, noix à chaînette, bride de noix enveloppante. La platine est retenue d’une part par une unique vis traversant la poignée et d’autre part par un crochet venant s’insérer dans une mortaise de fer fixée à l’intérieur de la monture à l’avant de la platine. Ajustages dans la monture quasiment au centième de millimètre.

    La platine est marquée “VERNAY ET ne“ "A St ETIENNE“ lire : VERNAY Etienne A St ETIENNE

    Le chien à tête de monstre a été anciennement réparé, une soudure du col est encore visible par l'absence de décor gravé.

     

    Les garnitures.

    Elles sont en fer et décorées de rinceaux, feuillages et volutes gravés. Y compris les têtes de vis.

    L’ensemble sous-garde - pontet mesure 29 cm de long, portant le pontet à volute.

    La pièce formant embouchoir porte également une languette à décor gravé longue de 6,5 cm.

    La baguette de chargement longue de 59 cm est en fer, conique, épaisse de 5,3 à 7,1 mm et terminée par un embout large de 11,5 cm. Cet embout comporte un creux de forme ogivale, profond de 5,10 mm. Preuve que l'arme était destinée au tir de projectiles oblongs type Tamisier. A noter que la baguette n'est pas filletée.

    L’ensemble des garnitures et son décor est conforme à la mode du temps pour les armes de chasse.

    Tous les ajustages sont extrêmement serrés.

    Il n’y a pas de bretelle.

     

    La monture.

    Est en ronce de noyer joliment veiné, d’une seule pièce. 

    La crosse proprement dite est de forme “à l’anglaise“ et porte une plaque de couche en fer.

    La monture porte plusieurs éléments en fer, invisibles lorsque l'arme n'est pas démontée : crochet de retenue de la platine, vis de fixation de la sous-garde et de l'embouchoir.

    Ayant traversé près de 160 années, la monture présente quelques traces de coups. La patine du bois est assez atténuée à la poignée et sur le devant.

     

    Conclusion.

    La fabrication de cette carabine est bien plus que soignée.

    Ne parlant pas seulement des gravures ou de la qualité du bois.

    Il s'agit d'un travail d'une très grande rigueur, il n'y a absolument pas le moindre espace entre les pièces bois et fer.

    Une carabine qui a certainement coûté très cher à fabriquer ...  

    Cette arme est restée splendide. Seuls la réparation du chien, une vis remplacée, quelques têtes de vis brutalisées et divers choc du bois témoignent de son âge et de son usage. Il est probable que le canon était bronzé brun, ce qui faisait bien ressortir le damas.

     

    Et maintenant, place au reportage.

     

    Portrait de la carabine, vue de droite et de gauche :

    Une Carabine de Botte

    Une Carabine de Botte

     

    La platine. Encastrements extrêmement serrés.

    Le chien à tête de monstre, on devine la soudure de réparation à l'absence de décor gravé.

    Sous la masselotte on voit la vis fermant l'orifice de visite :

    Une Carabine de Botte

     

    Le marquage d'Etienne VERNAY :

    Une Carabine de Botte

     

    L'encastrement dans le bois.

    On remarquera la mortaise en fer vissée dans la monture et recevant le crochet de retenue de la platine :

    Une Carabine de Botte

     

    L'intérieur de la platine, chien à l'abattu. La qualité de la fabrication se voit ici aussi.

    Sur ces deux photos, on comprend bien le rôle de la chaînette reliant le grand ressort à la noix.

    A l'avant du grand ressort on voit le crochet de retenue de la platine :

    Une Carabine de Botte

     

    Chien à l'armé. Rappelons que le chien est solidaire de la noix par son axe.
    En le tirant vers l'arrière par sa crête, on fait passer le bec de gâchette successivement par les deux crans de la noix : le cran de sécurité puis le cran d'armé. La photo montre le bec de gâchette au cran d'armé.

    On note que la bride de noix est maintenue par 4 vis prenant sur 4 piliers, le dernier pilier formant axe de rotation de la gâchette.

    Une Carabine de Botte

     

    La vis de maintien de la platine et sa rondelle encastrée sur la joue gauche.

    On notera qu'une vis de fixation du support de la clavette de canon a été remplacée :

    Une Carabine de Botte

     

    La hausse réglable.
    Le pied de hausse est encastré à queue d'aronde sur le canon afin d'autoriser un réglage latéral.

    Un coup de burin donne la référence du centre du canon.
    Ce pied de hausse forme un cran de mire fixe. La planchette relevable s'articule dessus.
    On voit bien les 4 crans de mire qu'il propose une fois relevé. Ce type de hausse est apparu sur les premières armes rayées.

    Une Carabine de Botte

     

    Planchette relevée. Le défaut de ce type de hausse apparut rapidement car tout réglage est impossible hormis un choix de 4 crans.
    Les hausses adoptées sur les fusils anglais Pattern 53 ou 60 puis sur le Chassepot français permettront un réglage beaucoup plus fin :

    Une Carabine de Botte

     

    Le guidon à lame, également fixé à queue d'aronde :

    Une Carabine de Botte

     

    Les marquages sous le canon.
    Poinçon C, coup de burin matérialisant l'ajustage de la culasse sur le canon, une signature illisible (peut être refrappée ?) 

    Le poinçon de réception des armes civiles de St Etienne.

    Une Carabine de Botte

     

    La beauté des assemblages, le contraste du bois et des aciers :

    Une Carabine de Botte

     

    L'embouchoir :

    Une Carabine de Botte

     

    La crosse :

    Une Carabine de Botte

     

    L'ensemble pontet-sous garde :

    Une Carabine de Botte

     

    La plaque de couche :

    Une Carabine de Botte

     

    La carabine entièrement démontée mesure seulement 62,5 cm de long :

    Une Carabine de Botte

     

    La bouche du canon, le crochet de maintien de la baguette.

    La baguette, la forme ogivale de sa tête :

    Une Carabine de Botte

     

    L'intérieur du canon et les 4 rayures :

    Une Carabine de Botte

     

    Cette carabine de botte est (bien entendu) destinée à reprendre du service.

    Il faut juste que je trace une ogive afin de commander un moule idoine.

     

    En attendant, je vous laisse l'admirer mais aussi réfléchir au savoir-faire des armuriers des années 1860 ... 

     

    A bientôt !


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  • Voici l'une des plus belles armes de la collection : la Carabine Modèle 1859.

    Ma Carabine Modèle 1859

    Petite restitution historique :

    La Carabine Modèle 1859 est la dernière arme réglementaire Française à percussion et à chargement par la bouche. Elle clôt une aventure de plus de 40 années dans la recherche de la précision du tir de combat sur arme longue à percussion.

    De 1830 à 1870, du règne de Louis-Philippe jusqu'au Second Empire, ces 40 années auront été la période la plus riche au plan du progrès technique et économique. Il faut se figurer un monde passant de la traction animale au chemin de fer, de la marine en bois et à voile aux frégates cuirassées à vapeur. L'électricité est utilisée quotidiennement avec le télégraphe. Le gaz sert à l'éclairage et au chauffage de Paris. On creuse le canal de Suez. Les vols en ballon, libres ou captifs, sont pratiqués couramment, la photo se développe partout.

    Notre armement, intégralement lisse et à silex en 1830, adopte la percussion en 1840 et on fait les premières expériences du rayage des canons. Dès 1840, les carabines rayées sont de toutes nos campagnes. En 1854, la Garde Impériale adopte le premier fusil rayé. En 1860 toutes les armes de notre infanterie sont rayées et tirent un projectile expansif développé à partir de la balle à jupe du Cne Minié. 

    Dès le milieu des années 50, plusieurs systèmes de chargement par la culasse sont essayés : Thouvenin, Manceaux et Vieillard, Gastine-Renette, Chassepot, etc ... conduisant à l'adoption du fusil Chassepot en 1866 puis des armes à tabatière en 1867.

    En 1870, notre armée avait plus que rattrapé son retard sur la Prusse (équipée du Dreyse à aiguille depuis 1841)

    Quand aux carabines, elles équiperont les régiments d'intervention du Second Empire : les Zouaves, les Chasseurs et la Légion Étrangère. La Carabine Modèle 1859 sera utilisée lors de la Campagne du Mexique et équipera la 3ème Compagnie du 1er Bataillon du Régiment Étranger au combat de Camerone le 30 Avril 1863.

    Revenons à l'arme.

    Elle a été fabriquée en 1861 à la Manufacture Impériale de Saint Étienne.

    Elle n'a jamais distribuée en Corps de Troupe, comme l'atteste sa plaque de couche sans identification de Corps et l'absence de matricule (canon et crosse).

    Comme toutes nos carabines, c'est une arme très massive, un canon court et épais. C'est construit costaud. Elle est lourde pour sa taille, bien davantage avec son immense sabre-baïonnette.
    Voici un dessin (Illustrator, bien entendu) fait en 2011 :

    Ma Carabine Modèle 1859

    
Ses caractéristiques :
    • Poids : 4,47 kg

    • Longueur : 1,26 m

    • Calibre : 17,8 mm

    
• Vitesse initiale : 310 m/s
    • Rayures : 4 tournant de gauche à droite, pas de 2 m, larges de 7 mm, à profondeur dégressive de 0,5 mm au tonnerre à 0,3 mm à la bouche.
    
• Hausse : réglable à planchette et curseur, graduée de 150 mètres (rabattue) à 1100 mètres (relevée)
    
• Sabre-Baïonnette : modèle 1842 ou 1842/59

    • Cartouche : modèle 1859, balle à jupe Mle 1859 de 48 g, charge de 5,25 g. Conditionnées par 6 avec 8 amorces de guerre, paquet bleu.


    Peformances :
    • à 200 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 0,50 m.
    • à 300 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 1 m.
    • à 400 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 1,50 m.


    La carabine 1859, tout comme les fusils 1857, 1854 et 1853 T a été progressivement remplacée dans les Corps de Troupe par le fusil 1866 Chassepot mis en fabrication dès la fin de 1866.

    Aussitôt après le Chassepot, nous adoptions le système 1867 dit "à tabatière" pour l'armement des troupes de réserve, la Garde Nationale Mobile. On transforma selon ce modèle plus de 300.000 fusils 1857 et carabines 1859. En effet, ces armes - pour la plupart flambant neuves - étaient stockées dans nos arsenaux. On a ainsi transformé la plupart de nos carabines 1859.

    Du coup, la carabine 1859 native est plus rare que la carabine 1853 T. Elle est aussi plus recherchée car souvent en bien meilleur état.



    Voici la carabine, portrait vue de droite et de gauche. La baïonnette est du modèle 1842/59 à ressort interne :Ma Carabine Modèle 1859

    La platine et le marquage de la Manufacture Impériale de St Etienne. Poinçon du contrôleur des platines.
    Le chien est à l'armé, découvrant la cheminée vissée sur la masselotte.
    On remarque que la masselotte est décalée sur la droite, cette disposition avait été retenue sur les armes du système 1853 afin de dégager la ligne de visée. Le marquage MI devant la masselotte pour Manufacture Impériale.
    La platine est du modèle de 1857, amélioration de celle de 1847 elle-même modification de la platine 1840.
    Ces platines ont la particularité d'êtres retenues par une vis à ergots fixe à l'arrière et une vis traversante à l'avant et vissant sur une rosette faisant office de contre-platine :

    Ma Carabine Modèle 1859

    À noter que la cheminée montée sur l'arme est une cheminée de tir moderne, car la cheminée réglementaire est percée à 1,8 mm. C'est un orifice bien trop large pour les poudres modernes.
    Afin d'éviter les pertes de pression - voire les crachements - il est prudent de monter une cheminée percée à 0,9 mm. Bien entendu, les filetages sont identiques.

    La platine vue de l'intérieur. Remarquer sa compacité et sa simplicité. Un seul ressort en V agissant vers le haut sur la noix par l'intermédiaire d'une chaînette, et vers le bas sur la gâchette. La bride de noix est assujettie par deux piliers vissés sur la platine. Le troisième étant l'axe de pivotement de la gâchette. La platine porte le marquage Mle 1857, modification de la platine 1847 au niveau de la chaînette :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Le logement de la platine. Noter le marquage en chiffres romains, XIII. Ces marques faites au burin se retrouvent sur la tranche de la platine. Elles ont été apposées par l'ouvrier platineur pour identifier la platine avec la monture au moment du montage final. La monture est à l'état de neuf, arêtes vives, têtes de vis ayant marqué le bois, encastrement serrés :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Une vue cavalière de la platine et de la hausse, planchette relevée. Remarquez le marquage S.1861. S étant l'initiale indiquant la Manufacture de St Etienne. Et l'année de fabrication 1861 :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La hausse. La planchette porte une échelle de distances à gauche, graduée de 250 à 1000 mètres. L'échelle de droite est graduée en millimètres et sert à affiner une visée. Un cran de mire mobile est monté à frottement doux sur la planchette. Le cran de mire au pied de la planchette est à la hausse de combat de 150 mètres :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La crosse et la monture jusqu'à la platine. Remarquer la forme de la queue de détente, très confortable et favorisant un lâcher progressif. Cette forme de détente sera malencontreusement abandonnée sur le Chassepot.
    Il faudra attendre le fusil Mas Mle 1936 pour retrouver en France une détente adaptée à la forme du doigt :Ma Carabine Modèle 1859

    La monture, de la platine à la capucine :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La monture et la capucine-grenadière retenue par un ressort à épaulement :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La monture et l'embouchoir. Le ressort à pivot, la baguette, le tenon de baïonnette et le guidon :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La crosse vue de droite. Hormis le macaron effacé, le bois est dans un état remarquable :Ma Carabine Modèle 1859

    La capucine-grenadière. Notez le battant de bretelle, le ressort et la baguette dans son canal. Et, à nouveau, un très bon état général :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La sous-garde et le pontet, identiques aux pièces du fusil 1857, hormis l'absence de battant de pontet, reporté sous la crosse. La sous-garde crantée est un héritage du fusil Modèle 1777 corrigé An IX :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La plaque de couche et le battant de bretelle. On remarque que le bois de la crosse est plus large que la plaque de couche. Cette disposition était voulue et destinée à éviter que, sous l'effet de l'usure, les bords de la plaque de couche ne blessent le tireur. À savoir que la même précaution sera prise sur les crosses de toutes nos armes règlementaires, jusqu'aux fusils Mas 49/56 (dernière arme réglementaire française ayant une monture en bois) :
    Ma Carabine Modèle 1859

    L'embouchoir et son ressort à pivot, le canon avec le guidon, le tenon de baïonnette et sa directrice. La baguette et sa tête caractéristique. Elle est percée de part en part afin, après y avoir glissé une broche, de donner un couple de rotation pour utiliser le tire-balles qu'on visse à l'autre bout :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La rosette de contre-platine faisant écrou pour la vis de fixation de la platine :
    Ma Carabine Modèle 1859

    L'intérieur du canon, les 4 rayures :
    La Carabine Modèle 1859

    Le Sabre-Baïonnette Modèle 1842/59. La forme de la lame en yatagan avait été adoptée en 1840 pour dégager l'espace nécessaire au chargement du canon par la bouche et éviter que le tireur se blesse.
    Et non pour impressionner l'ennemi comme on pourrait le croire :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Comme on peut le constater, l'arme est en excellente condition, notamment l'intérieur du canon aux rayures profondément marquées. Ancienne corrosion, mais pas d'accident ni de bague. Les parties extérieures ont été nettoyées il y a longtemps, d'une manière trop appuyée et faisant malencontreusement disparaître certains marquages, mais tout est sain et sans jeu. Les crans de la platine sont francs et nets.

    Cette arme splendide est malheureusement devenue relativement rare, d'une part suite à la transformation massive des carabines 1859 au système 1867 (tabatière) et d'autre part à cause des nombreuses prises effectuées par les Prussiens en 1870, n'hésitant pas à piller des dépôts se trouvant sur le chemin de leurs armées.
    Au début du XXe siècle, les armes ainsi raflées ont été massivement revendues en tant qu'armes de traite. Triste fin pour d'aussi belles armes. Vae Victis !

    Bien entendu, comme toutes mes armes, ma carabine est en état de tir.

    Je l'ai essayée avec des ogives Mle 1854 au calibre de 17,9 mm :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Le moule et ses ogives Mle 1854 que j'avais fait faire pour mon fusil Modèle 1853 T Car aux mesures de son canon (Ce fusil vous sera présenté ultérieurment) :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Ces ogives étaient légèrement surcalibrées, signe que le canon de la carabine est resté à son diamètre nominal et qu'il n'a pas subi d'usure.

    Voici le carton d'essai, un tir de 5 coups à 25 mètres. Balles Mle 1854 sur charge de 5,25 g de poudre à mousquet. Canon écouvillonné entre chaque coup :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Tir prometteur, mais surtout démonstration de l'importance de l'adéquation du diamètre de l'ogive avec celui du canon.
    Lors d'un autre tir, les balles, trop larges ne rentraient que très difficilement dans le canon, tir interrompu au bout du 7e coup.

    Dès que possible, je ferai fabriquer un moule pour une balle Mle 1859 au calibre de 17,85 mm afin de la recalibrer à 17,83 mm.

    A bientôt


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  • Voici un nouveau venu dans ma collection :

    Ce fusil Modèle 1822 T Bis a été fabriqué à Tulle en 1827 comme fusil d'infanterie à silex. Il mesurait alors 1,471 m.

    A ce moment, les fusils Modèle 1822 sont l'aboutissement de près de 200 ans d'usage de la platine à silex. Avec la platine Mle 1822, la plupart des défauts de la platine An IX auront été corrigés, notamment les longs feu et les ratés d'allumage. Ces fusils participeront à la conquête de l'Algérie, et aussi aux journées sanglantes de Juillet 1830, les 3 glorieuses.

    L'adoption de la platine à percussion (Carabines 1837 et 1838, fusils 1840 et 1842) allait démoder d'un seul coup plusieurs centaines de milliers de bons fusils à silex, essentiellement des fusils Modèle 1822.

    Dès 1842, décision fut prise de transformer ces armes et de les adapter à la percussion. En effet, les armes Mle 1842 étaient lisses et tiraient quasiment la même balle ronde que celle des 1822.

    Mon fusil a donc été transformé T vers 1843 à la Manufacture de Mutzig pour sa mise à la percussion :
    - obturation de la lumière.
    - pose, sur la queue de culasse, d'un cran de mire fixe .
    - pose, sur la droite du tonnerre, d'un grain sphérique taraudé pour y visser une cheminée.
    - alésage du canon à 18 mm. Le canon reste lisse.
    - dépose du chien, du bassinet, de la batterie et de son ressort.
    - obturation des orifices inutilisés.
    - mise en place d'un chien-marteau dont la tête est décalée sur la gauche pour coiffer la cheminée.

    Voici un schéma de la platine Mle 1822 transformée (Cours de Tir - Études théoriques et pratiques - 1864)

    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

     

    Le reste des pièces est conservé.
    Ainsi transformée, l'arme est retournée en corps de troupe.

    Mais en 1854, à l'occasion de la Campagne de Crimée, deux évènements vont se produire qui vont bousculer les choses et faire faire à notre armement un progrès important.

    1/ En 1854, la Garde Impériale nouvellement crée va recevoir ses fusils. Ils sont basés sur le fusil Modèle 1853. Mais surtout, ils sont rayés et ils tirent une balle ogivale à jupe creuse qui découle directement des expériences faites sur le tir des projectiles auto-forçants dans les armes rayées. Cette balle creuse fut dessinée par le Capitaine Minié.

    2/ En 1855, à l'occasion des combats en Crimée et à Sébastopol, nous mettions en œuvre avec succès plusieurs formations équipées d'armes rayées.
    Les Zouaves en particulier vont tirer parti de leurs Carabines Modèle 1853 et Fusils Modèle 1853 T Car qu'ils recevront dès 1855. Ces armes leur permettent d'abattre des canonniers russes jusqu'à 500 mètres de distance.
    Mais on se rend compte qu'en dehors de ces unités, l'Armée ne met en ligne que des armes lisses, donc démodées : fusils Mle 1853 neufs, fusils 1842 et 1822 T. Alors que, dans le même temps, l'ensemble du Corps Expéditionnaire Anglais est doté de l'excellent Enfield Pattern 1853, fusil rayé et de calibre réduit.


    Nous venions de prendre conscience que le rayage de leurs fusils donnait aux fantassins une allonge et une précision impossibles à obtenir avec des armes lisses. Et que nos voisins avaient pris de l'avance et disposaient d'un armement supérieur.

    Et, en 1857, l'Empereur décidait que l'ensemble des armes à feu de l'Armée Française soient rayés. Par transformation pour les armes existantes, dès leur conception pour les armes à venir.

    Pour revenir à mon fusil, il a été transformé Bis en 1859 à St Étienne à l'occasion de la mise en rayure du canon. Comme tous ses semblables, il a été raccourci aux dimensions des fusils de voltigeurs et mesure désormais 1,41 m :
    - mise en rayure du canon : 4 rayures au pas de 2 mètres, larges de 7 mm, profondes de 0,3 mm.
    - pose d'un nouveau cran de mire réglé à la distance de 300 pas à la place de l'ancien.
    - raccourcissement du canon et de la monture.
    - déplacement de l'embouchoir et de son ressort, du tenon de baïonnette et du guidon.

    A chaque étape, les marquages et poinçons réglementaires sont apposés sur le canon et la crosse.

    La monture n'a pas été remplacée : elle a conservé la joue d'origine et la pastille MR.

    En fait, mis à part les pièces "percussion" (1843) et la baguette (1859), tout est d'origine, canon, bois, platine, garnitures.

    Le fusil est dans un état surprenant, en particulier l'intérieur du canon : quasiment aucune usure n'est à relever comme l'atteste le pied à coulisse : 18,05 mm relevé à la bouche. La baïonnette modèle 1822 se fixe en place sans aucun jeu.

    La monture en noyer châtain est très bien conservée, avec de rares traces de chocs, aucune fêlure, à peine quelques zones assombries.

    Mécaniquement, on ne relève aucun jeu. Les ajustages sont serrés, les arêtes sont restées bien marquées.

    Vu son état, après une période en unité (matricule sur le canon et la crosse), et deux passages en Manufacture (il en a fait, des kilomètres, entre Tulle, Mutzig et St Étienne ...) il a dû prendre tranquillement la poussière au fond de l'armurerie d'une Garde Nationale Sédentaire dans une sous-préfécture rurale. On en trouve encore parfois dans les combles d'anciennes mairies ...

    Au plan opérationnel, les fusils Mle 1822 T et T Bis constitueront longtemps l'armement de base de l'infanterie, à côté des fusils modèles 1842, 1853 et 1857.
    Les 1822 T sont utilisés au siège de Sébastopol (1854-55), en Italie (1859)
    Les 1822 T Bis iront aussi au Mexique (1862 à 1867) et on en a retrouvé aux mains de guérilleros mexicains bien après le départ des Français. Pendant la guerre de 1870-71, on connaît plusieurs photos de Mobiles ayant reçu le fusil 1822 T Bis comme arme individuelle ... (souhaitons-leur n'avoir pas été à la riflette avec)

    Ces armes auront quand même été utilisées pendant près de cinquante ans !
    Je ne sais pas si nos modernes FAMAS sauront durer autant ... ?
    186 ans après sa fabrication, ce fusil est toujours en état de tir !


    En résumé, un fusil bien homogène, mêmes matricules 330 puis 1870 frappés sur le canon, la crosse, la platine. Une belle monture en noyer châtain en excellent état, encastrements nickels, arêtes vives. Mécanique sans aucun jeu. Le canon est à l'état quasi neuf, un peu marqué vers la bouche (comme souvent sur ces fusils)

    -----------------------------------------

    Voici un petit reportage.

    Portrait, vues droite et gauche.
    On remarque que l'embouchoir a été reculé sur la monture avec son ressort. Cette arme magnifique est en excellent état. Un beau contraste de la couleur miel du bois avec l'éclat du métal poli :

    La crosse vue de gauche : la joue, le matricule régimentaire 1870, le n° d'ouvrage 330 :

    La crosse vue de droite : macaron de réception et cheville en buis MR "Manufactures Royales". Poinçons de recette.
    Marquage MUTZIG, manufacture de la transformation T.
    Marquage St ETIENNE, manufacture de la transformation Bis.
    À nouveau, on remarque un bois à l'état quasiment neuf.


    Le canon au niveau du tonnerre.
    Sur la queue de culasse, marquage réglementaire du modèle 1822 T Bis et hausse fixe à cran de mire. L'ancienne hausse était au même emplacement, moins haute et d'une forme plus anguleuse
    Le chien dont la tête est fortement décalée à gauche pour coiffer la cheminée :
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis 
    La contre-platine, appelée aussi esse :Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

    Marquages à gauche du tonnerre :
    Poinçon B avec étoile : Brunon Frères, entrepreneurs à Tulle, forgerons, fabricants de canons pour la Manufacture de Tulle de 1819 à 1835.
    
Marquage C de 18 pour Canon de 18 (mm)
.
    
Numéro 330, n°d'ouvrage, probablement de la mise à percussion.
    Matricule régimentaire 1870 :

    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis
    Marquages à droite du tonnerre :

    Millésime (usé) de la fabrication initiale : 1827. Poinçons de recette et de contrôleurs.
    En dessous - et normalement caché par la platine - l'initiale S de la manufacture ayant mis le canon en rayure et millésime de cette modification : St Etienne en 1859 (transformation précoce) :

    La platine et la monture jusqu'à la capucine. Une arme en état exceptionnel.
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

    La monture, de la capucine à la grenadière avec son battant. Ces garnitures sont retenues par un ressort à épaulement :

    La monture de la grenadière jusqu'à la bouche du canon. L'embouchoir est retenu par un ressort à ergot. La baguette en place dans sa rainure, sa tête affleure la bouche du canon. Soudés au canon, le guidon et le tenon de baïonnette.

    La plaque de couche.
    Normalement, selon le règlement de Mars 1854, elle devrait porter le numéro du Corps de troupe, puisque le canon et la crosse sont matriculés ...
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

     
    L'intérieur du canon. 4 rayures au pas de 2 mètres, elles sont propres et nettes. On remarque les marques de baguette à 6-8 cm de la bouche :


    La platine.
    Vue extérieure. C'est une Corrézienne Royale. On remarque la pièce d'obturation du logement du bassinet. Le pontet porte les initiales AT, probablement celles d'un sous-traitant. Devant le chien, le poinçon C couronné dans un rectangle à pans coupés, probablement Cazamajou, Contrôleur à Tulle de 1813 à 1830.
    A noter que les arêtes du bois sont aussi nettes et vives qu'au temps de sa fabrication en 1827 :

    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

     
    L'intérieur de la platine. Parmi les différentes marques d'ouvriers, on retrouve le n° d'ouvrage 330 :

    Zoom sur la noix ... à 3 crans et longue course du bec de gâchette !


    Surprise ... sous la plaque de couche.
    Un orifice profond d'1 cm, large de 15 mm. On voit nettement l'empreinte d'une Fleur de Lys et au centre, comme un trou de vrille. C'est l'emplacement de la poupée de la machine à travailler les crosses, certainement l'une des premières machines-outil combinées. Ces machines sont apparues pour faire les montures des fusils Mle 1822. Elles assuraient découpe, biseautages, rainurages, fraisages et taraudages des ébauches en noyer :
    Mon fusil d'infanterie Modèle 1822 T Bis

    A bientôt.


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  • Voici une arme très rarement rencontrée :

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Le fusil modèle 1840.

    Avant d'examiner mon fusil, voici quelques éléments hitsoriques et techniques.

    Adopté pour remplacer les armes à silex en service (fusils modèles 1822 et 1816, sans compter les nombreux fusils An IX rescapés des campagnes de l'Empire), le fusil modèle 1840 ne sera qu'une arme d'essai. En effet, à peine adopté et tout juste mis en fabrication, il sera remplacé par le modèle 1842.

    Le fusil Mle 1840 marque un tournant important dans l'histoire technique de notre armement : l'abandon de la platine à silex qui était utilisée depuis près de deux cent cinquante années. Désormais, on va utiliser une platine à percussion utilisant des capsules métalliques contenant un composé chimique qui produit une flamme sous l'effet d'un choc : le fulminante de mercure. Ces capsules vont rapidement prendre l'appellation d'amorces.

    La mise de feu par percussion a pour effet d'améliorer le rendement et la précision des armes. En effet, sur les armes à silex, le tir était d'une grande irrégularité car le tireur était obligé de prélever une certaine quantité de poudre de sa cartouche pour remplir le bassinet.
    Cette quantité était le plus souvent mal mesurée, surtout dans les combats. Par ailleurs, certains soldats profitaient de ce "prélèvement" pour jeter une partie de la poudre restante afin de diminuer la force du recul.
    La mise à feu par silex entraîne aussi des déperditions de gaz par la lumière au moment de l'inflammation de la charge. Encore une fois, ces déperditions pouvaient êtres aggravées par l'action du soldat qui, bien souvent, élargissait la lumière pour faciliter l'allumage de la charge, ou pour pouvoir amorcer "à coups de crosse". Le plus souvent c'était pour diminuer la violence du recul.
    Enfin la platine à silex connaissait un taux de ratés assez important. Poudre mouillée et silex endommagé étant les principales causes de ces ratés.
    (Voir l'article de ce Blog sur la platine à silex)

    La platine à percussion supprime tous ces inconvénients.

    Le fusil 1840 sera d'abord fabriqué au calibre de 17,48 mm pour une balle ronde en plomb de 16,54 mm de diamètre. En cours de fabrication, on adoptera le calibre de 18 mm qui sera standardisé, il tire une balle ronde de 17,5 mm.

    La platine modèle 1840 est du type "inversée" ou "à la Poncharra", dans lequel un seul ressort agit sur la noix et sur la gâchette, d'ou un nombre réduit de pièces, une fabrication plus simple, et un coût réduit.

    Le fusil Mle 1840 va adopter une disposition inédite. En effet, pour obtenir une balle ajustée au diamètre du canon, on avait imaginé d'aménager le fond du canon en chambre à poudre d'un diamètre légèrement plus petit. L'idée étant que la charge de poudre remplisse la chambre rétrécie et que la balle se bloque contre le chanfrein d'entrée de cette chambre. Le tireur frappait alors la balle de sa baguette pour l'élargir de sorte qu'elle s'ajuste au canon.

    Jusqu'à présent, en effet, on tirait une balle ronde d'un diamètre légèrement plus faible que celui du canon, ce qui engendrait une certaine dispersion car la balle, poussée par la détonation rebondissait d'un côté et de l'autre du canon. Au sortir du canon, la balle prenait la direction du dernier rebond … Cette disposition appelée "vent" était un mal nécessaire car la poudre utilisée provoquait une accumulation de résidus et de crasses à tel point que le chargement devenait rapidement impossible après quelques coups.

    La chambre rétrécie ne sera pas conservée plus de quelques mois. En effet, la précision n'était pas significativement améliorée. Cela ne compensait pas le coût de l'usinage de la culasse rapportée. Par ailleurs, la chambre de diamètre réduit était difficile à nettoyer des résidus qui s'y accumulaient rapidement. En cours de fabrication, les chambres furent mises au diamètre du canon, avant d'être purement et simplement supprimées sur les modèles suivants. Sur les fusils 1842, on reviendra à une culasse vissée plus classique.

    Définition :

    Le fusil modèle 1840 est une arme à feu à un coup, à chargement par la bouche, à mise de feu par percussion d’une amorce, à canon lisse, à chambre rétrécie. Les éléments de visée sont constitués d'une hausse fixe à cran de mire et d'un guidon soudé sur l'embouchoir. Il reçoit une baïonnette à douille modèle 1822 pour laquelle un tenon est brasé sous le canon. Le fusil est muni d’une baguette de chargement à tête plate de forme dite en poire. Elle est portée en permanence sur l’arme dans une rainure pratiquée sous la monture. Elle est maintenue dans sa rainure par un ressort interne. Le fusil est équipé d’une bretelle en cuir large de 3,5 cm, réglable par une boucle à ardillon. La bretelle est fixée au battant de grenadière par une boucle fermant par un bouton métallique, le retour de la bretelle passant par le battant de pontet.

    Description :

    Le fusil modèle 1840 une arme d’aspect robuste, bien équilibrée dans ses formes. Ses différentes pièces sont largement dimensionnées. La monture est en noyer blond teinté, le canon est en fer forgé ainsi que l’ensemble des pièces métalliques. Les ressorts, la noix et la bride de noix sont en acier.

    Le fusil d'infanterie mesure 1,445 m et pèse 4,3 kilos sans baïonnette.

    Pièces constitutives :
    •    La monture                 
    •    Le canon                  
    •    La platine
    •    La rosette de contre-platine                              
    •    L’ensemble sous-garde - détente
    •    L’ensemble pontet - battant de bretelle
    •    L’ensemble des garnitures :
        - La capucine
        - La grenadière
        - L’embouchoir
        - La baguette
        - La plaque de couche
        - L’ensemble des vis et ressorts
    •    La baïonnette modèle 1822
    •    La bretelle

    Munitions :
    Le fusil modèle 1840 tire une balle sphérique d’un diamètre de 17,5 mm pesant 29 grammes. La charge est de 8 grammes de poudre. La cartouche en papier réunit la balle et la charge de poudre. La vitesse initiale Vo est de 430 m/s.

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    Mon fusil :

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Les fusils modèles 1840 ne furent jamais distribués dans les régiments d'active.
    Aussitôt assemblé à St Étienne en 1842, mon fusil a été raccourci, probablement pour une Garde Nationale. Il est possible aussi que cela ait été fait pour armer des cadets ou une Légion de Gendarmerie à pied.

    Ses dimensions :
    •    Longueur du fusil :                     118 cm        •   Longueur totale avec baïonnette :    163 cm   
    •    Longueur du canon :                  78,8 cm       •   Longueur de la baguette :                76,5 cm       
    •    Longueur de la ligne de mire :    65 cm          •   Longueur de la baïonnette :              53 cm         
    •    Poids total avec baïonnette et bretelle :     3,9 kg       

    Le fusil a été raccourci mais ON A TENU À CONSERVER SON ASPECT D'ARME MILITAIRE. En effet, il a conservé capucine, grenadière et embouchoir, ces deux dernières garnitures simplement reculées sur le bois avec leurs ressorts. La baguette, raccourcie elle aussi a été refilletée pour recevoir le tire-balle réglementaire.
    Mieux : le canon a reçu son tenon de baïonnette au bon endroit : la baïonnette Mle 1822 se fixe sans le moindre jeu. Ce qui montre que le diamètre extérieur a été restitué également.
    La chambre rétrécie a disparu après alésage au diamètre du canon. Comme pour le fusil Mle 1842, ceci montre que la chambre rétrécie a été abandonnée immédiatement après son adoption.

    Voici un court reportage.

    La platine fabriquée par la Manufacture Royale de St Etienne. Cette platine est retenue par une grande vis traversante à l'avant (vissant sur la rosette de contre-platine formant écrou de l'autre côté) et à l'arrière par une vis à ergots restant à demeure sur l'arme. Hormis quelques modifications internes en 1847 et 1857, cette platine restera en usage sur l'ensemble de nos armes à percussion : fusils 1842, 1853, 1854 de la Garde et 1857, carabines 1846, 1853 et 1859.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Le mécanisme de la platine :
    Platine très simple, un seul ressort agit sur la noix, par l'intermédiaire d'une chaînette, et sur la gâchette. On remarque que toutes les pèces sont faites par le même ouvrier platineur portant le poinçon n° 22.
    Cette platine sera modifiée en 1847 : un écartement plus marqué des deux piliers portant les vis apportera plus de solidité à l'assemblage de la bride de noix, car la puissance du grand ressort est telle qu'un mauvais démontage peut entraîner le cisaillement de ces vis, sans parler de blessures aux mains du maladroit ...

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    L'encastrement de la platine dans la monture. Dès 1822, les montures étaient usinées sur des machines à bois qui réalisaient mécaniquement la mise en forme et la découpe de la monture, mais aussi le fraisage et perçage des différents emplacements : canon, baguette, platine, vis diverses. On remarque la vis à ergots posée à demeure dans le bois pour retenir la platine à l'arrière. Le bois est dans un état de conservation remarquable.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    L'ensemble des pièces inférieures. La sous-garde avec l'emplacement des doigts du tireur. On remarque que le passage de la queue de détent est décalé. Le pontet à jonc est à crochet, il est retenu sur l'avant par le battant de bretelle qui le traverse ainsi que la sous-garde. Le battant est retenu dans la monture par une goupille dont le passage est au niveau de la rosette de contre-platine. Notez que la queue de détente est galbée pour une action confortable du doigt. Cette forme de détente sera conservée sur toutes nos armes longues à percussion.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

     La capucine, la grenadière et l'embouchoir :

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Le canon côté droit. Le marquage MR pour Manufacture Royale et le millésime 1841 devant la masselotte. On voit bien la limite canon - culasse, une spécificité du fusil mle 1840.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Le canon côté gauche. Le marquage C de 18 pour Canon de 18 millimètres, donnant le diamètre du canon pour la première fois exprimé en mesure décimale.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    La queue de culasse avec l'indication du modèle. Le cran de mire fixe à la hausse de 300 pas.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    La bouche du canon et le tenon de baïonnette. Le canon est lisse. On remarque le très bon état du métal, très souvent déterioré à cet endroit.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Le macaron de crosse et sa cheville en buis. On lit la date Mai 1842 et à nouveau les initiales MR des Manufacures Royales.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    Le retour de la plaque de couche avec l'inscription frappée L104 ... Une Légion de Gendarmerie ? En effet, on avait l'habitude de marquer l'unité militaire d'attribution sur les plaques de couche. Ce type de marquage durera jusqu'à la guerre de 1870.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    La baïonnette du fusil modèle 1840 est du modèle 1822. Elle est de la même longueur que la baïonnette Mle An IX et sa lame est de la même forme triangulaire. La différence est que sa lame est divergente afin de permettre de recharger le fusil sans y planter la main ... Depuis l'Ancien Régime, les baïonnettes françaises sont fabriquées à la Manufacture de Klingenthal, près de Molsheim en Alsace. Cette Manufacture s'est spécialisée dans la fabrication des armes blanches - baïonnettes, sabres, épées - et sera remplacée dans cette spécialité par la Manufacture de Châtellerault à partir de 1836.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    La baïonnette fixée au canon vue de dessous, baguette retirée pour comprendre le rôle de la virole qui vient bloquer la douille sur le tenon. On remarque que le bout de la douille affleure la bouche du canon. Il n'y a aucun jeu dans la fixation.

    Mon fusil modèle 1840 raccourci pour la Garde Nationale

    A bientôt.


    3 commentaires
  • Voici une pièce exceptionnelle, qualité musée.

    Un fusil de Grenadier modèle 1777, fabriqué en 1783 à la Manufacture Royale de St Etienne.
    Une arme quasiment neuve.


    Ces photos m'ont été confiées par mon ami Alain G. Sa collection est exceptionnelle, autant que l'étendue de ses connaissances : armes réglementaires, mais aussi manufactures, méthodes de fabrication, caractéristiques, variantes, tir, munitions ...

    Le fusil côté droit :

    Une pièce exceptionnelle !

    Le fusil côté gauche :

    Une pièce exceptionnelle !

    La platine :

    Une pièce exceptionnelle !

    L'embouchoir à vis, la tête de baguette et la bayonnette :

    Une pièce exceptionnelle !

    Le millésime du modèle sur la queue de culasse, l'année de fabrication sur le pan gauche :

    Une pièce exceptionnelle !

    Le bassinet et la lumière :

    Une pièce exceptionnelle !

    La platine, le chien, le bassinet, la batterie et son ressort :

    Une pièce exceptionnelle !

    L'intérieur de la platine, le grand ressort, la noix et sa bride, la gachette et son resort :

    Une pièce exceptionnelle !

    Une courte présentation de cette arme n'est pas inutile.

    Adopté par le Roi, l'ensemble des armes modèle 1777 est le premier système d'armes reposant sur l'interchangeabilité des principales pièces (canons, calibres, platines, montures, garnitures, pas des filetages ...) et le caractère fixé et contrôlé des dimensions et des méthodes de fabrication, qu'il s'agisse d'armes d'infanterie, de cavalerie ou de marine.

    Le système 1777 a été élaboré sous la responsabilité d'un grand serviteur de la France surtout connu pour ses canons, le Général Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715 - 1789).

    Le système 1777 se compose :
    - du fusil de Grenadier ou d'Infanterie
    - du fusil de Dragon
    - du fusil d'Artillerie
    - du mousqueton de Cavalerie
    - du mousqueton de Hussard
    - du fusil de Marine
    - du pistolet de Cavalerie
    - du pistolet de Gendarmerie

    Le fusil de grenadier modèle 1777 est une arme longue, portative, à canon lisse, à mise de feu par platine à silex, à un coup. Il mesure 1,52 m et pèse 4,530 kg.
    Il porte une baïonnette à douille à 3 fentes et virole dont la lame triangulaire mesure 14 pouces (37,8 cm).

    Description simplifiée :

    Le canon
    est en fer, avec 5 pans courts au tonnerre puis de profil rond. Il est lisse, d'un diamètre de 7 lignes 9 points (17,48 mm). Il est long de 42 pouces (1,137 m). Il porte un tenon de baïonnette et un tenon en demi-lune pour l'embouchoir. Il ne porte ni hausse ni guidon. Lumière oblique plongeant dans le bassinet.

    La culasse est vissée à chaud dans le tonnerre. Elle comporte un bouchon fileté, un talon se terminant par la queue de culasse. 

    La platine à silex "à la française" est la version améliorée des platines modèle 1763, 1766 et 1774.
    Chien rond à espalet. Silex retenu par la mâchoire et le serre-pierre assuré par la vis de serre-pierre. Bassinet en laiton sans garde-feu, incliné pour permettre aux 2e et 3e rangs d'amorcer leur arme en la tenant relevée pour ne pas gêner le 1e rang.

    Batterie à retroussis recouverte d'une feuille de batterie en acier. Ressort de batterie. Noix portant le cran de repos et le cran d'armé, retenue par une bride de noix à 2 piliers. La noix porte un carré taraudé qui supporte le chien. Grand ressort agissant sur la noix par son bec. La gâchette et son ressort. La plaque de platine est "carrée" (plate) sauf sur son arrière ou elle est "ronde".
    La monture est d'une pièce en noyer, crosse "en gigue" avec un évidemment à gauche pour la joue du tireur.

    Garnitures en fer. Embouchoir à 2 bandes portant le guidon en laiton. Il est retenu par une vis butant sur un tenon en demi-lune brasé sous le canon. Grenadière et capucine retenues par des ressorts en épingle. Contre-platine ou "esse" qui reçoit les 2 grandes vis traversant la monture et retenant la platine. Sous-garde composée de l'écusson ou pièce de détente, du pontet, du battant de bretelle. Plaque de couche remontant sur le dessus de la crosse. Baguette de chargement à tête en forme de poire, bout fileté pour y visser le tire-balle.

    Le fusil modèle 1777 tire une balle ronde en plomb au calibre de "18 à la livre", c'est à dire de 16,54 mm de diamètre et pesant 27,19 g. Le vent (différence de diamètre entre la balle et le canon, permettant de charger une arme encrassée) est de 0,94 mm.
    La cartouche réglementaire est remplie, amorce comprise, d'1/40e de livre de poudre (12,24 g).
    Le silex est sensé donner 30 coups.

    Performances :
    La portée "de but en blanc" est de 60 toises (120 m).
    La portée utile maximum est de 120 toises en visant 3 pieds (1 m) au dessus du but.
    Cadence de tir : 3 coups / mn (soldat entraîné)
    Vitesse initiale : 400 m/s
    Taux moyen de ratés : 1 sur 12 coups
    Taux moyen de long-feu : 1 sur 30 coups.

    Sources : Armes à Feu de l'Armée Française par le Colonel J. Martin (Troupes de Marine) édition Crépin-Leblond

    Le système 1777 et ses variantes (An IX, 1816 et 1822) restera en service jusqu'en 1840.
    Jusqu'en 1815, il sera fabriqué à plus de 2 millions d'exemplaires !
    Il sera copié partout : Belgique, Suisse, Piémont, Prusse, Russie, États-Unis, etc ...

    Encore merci à Alain !


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