• Le Glaive d'Artilleur à Pied Modèle 1816

    Voici une arme blanche très intéressante.

    Il s'agit d'un Glaive d'Artilleur à Pied Modèle 1816.
    Une arme tracée en beaucoup plus simple sur le modèle du Glaive d'Artilleur Modèle 1771, lui-même inspiré des glaives de l'antiquité romaine, période largement mise en avant sous Louis XVI, la Révolution puis l'Empire.

    Il n'en reste pas moins vrai que ce goût pour l'antiquité a traversé les années et s'est poursuivi sous la restauration.

    Glaive d'artilleur à pied Modèle 1816

    Présentant un magnifique contraste de couleurs, le noir du cuir et l'or des garnitures et de la poignée, l'arme est compacte et robuste. Son poids d'1,2 kilo devait se faire bien sentir au long des journées de l'artilleur à pied.

    Cette arme n'est pas destinée au combat. Il s'agit plutôt d'une histoire de prestige, d'un objet donnant un statut à son porteur. Il fallait montrer que l'on était dans l'élite militaire, un peu comme pour les grenadiers ou les hussards, qui portaient des armes spécifiques.

    Glaive d'artilleur à pied Modèle 1816

    Examinons-le à fond.

    Ce glaive est une arme plutôt courte et ramassée : avec son fourreau, il mesure 66 cm, la lame est longue de 48,5 cm. elle est fort large et bien épaisse : 4,5 cm au fort et 6,6 mm d'épaisseur. Elle est creusée de trois gouttières de chaque côté, destinées autant à l'alléger quelque peu qu'à la raidir. Une telle "arme" est totalement impropre à tout combat d'escrime, notamment face à un adversaire équipé d'un simple Briquet, à fortiori d'un sabre de cavalerie.

    La poignée et la garde en laiton sont coulées d'une seule pièce. La poignée est massive, plutôt destinée à de grosses mains pleines de doigts. Elle se distingue immédiatement par son décor d'écailles, son gros pommeau arrondi et un fort bouton de rivure. A l'origine, le pommeau était décoré d'une fleur de lys de chaque côté, cependant, au fil des différents régimes, celle-ci a disparu. Les glaives Mle 1816 faits après 1830 ont reçu un coq à la place de la fleur de lys. Attributs copieusement limés et effacés après 1848 ... sic transit ...

    La soie de la lame traverse la poignée de bas en haut et vient se bloquer par rivure au sommet du pommeau. Trois fortes goupilles en fer rivées traversent latéralement la poignée. Une épaisse cravate en cuir blanchi est prise entre la lame et la garde. Cette cravate est destinée à amortir le contact du fourreau avec la garde.

    Fort simple, la garde, droite, plate et symétrique, ne porte comme décor qu'un contour en relief et se termine de chaque côté par deux rouleaux. Sous cette garde sont frappés les poinçons réglementaires des Contrôleurs et Réviseurs attachés à la Manufacture Royale du Klingenthal.

    Glaive d'artilleur à pied Modèle 1816

    La lame est signée d'un côté Coulaux Frères et Cie et de l'autre à Klingenthal.

    Glaive d'artilleur à pied Modèle 1816

    Coulaux et la Manufacture d'Armes de Klingenthal.
    Le nom de Coulaux, notamment Jacques et Julien, est étroitement liée à la Manufacture de Klingenthal (en alsacien = la vallée des lames) Cette Manufacture d'abord Royale, puis Impériale puis Royale à nouveau, s'est spécialisée dans la fabrications des armes blanches : essentiellement les sabres et les bayonnettes. Il est à noter que Jacques Coulaux participera à la création de la Manufacture d'Armes de Mutzig. La Manufacture de Klingenthal sera fermée en 1835, certains compagnons seront transférés à la Manufacture de Châtellerault qui reprendra la fabrication des armes blanches réglementaires.
    Cependant, en 1838, la fabrique et ses installations est rachetée par Julien Coulaux et poursuivra la fabrication et la vente d'armes blanches réglementaires et semi-réglementaires tout au long du XIXe siècle, traversant les différents régimes politiques, survivant à l'annexion allemande de 1871 et perdurant jusqu'en 1962, rachetée par les Forges de Firminy avant de cesser toute activité la même année.

    Le Glaive d'Artilleur à Pied Modèle 1816 aura une belle descendance via l'adoption du Sabre de Troupe à Pied Modèle 1833 et des petits glaives dérivés. À l'étranger, la Russie, la Suisse, le Royaume de Piémont, les USA copieront largement ce glaive.

    Mais revenons à notre arme :

    Glaive d'artilleur à pied Modèle 1816

    Le fourreau Modèle 1816 en cuir comporte normalement deux garnitures en laiton munies d'un rebord à bourrelet. Ici, il s'agit d'un fourreau Mle 1831 de Sabre de Troupe à Pied : chape et bouterolle sans bourrelet ....
    La chape portant un pontet brasé destiné à accueillir un passant de cuir. Ce passant assujettissait le sabre sur un gousset porté sur le ceinturon. La bouterolle ferme le fourreau par le bas. Ces deux garnitures sont simplement agrafées au cuir du fourreau.

    L'autre côté du fourreau nous montre la couture médiane, elle aussi en excellent état :

    Glaive d'artilleur à pied Modèle 1816

    Il faut savoir que les fourreaux en cuir sont infiniment plus rares que les armes qu'ils protègent. Le cuir supportant très mal les années, sauf entretenu régulièrement. En particulier, l'habitude de vernir les fourreaux a été destructrice à long terme, l'imperméabilité qu'on pensait donner au cuir se réalisant par une progressive dessiccation. Le cuir desséché finit par partir en poudre et à se décomposer. L'inverse, c'est à dire la pourriture aboutit à la même destruction. Le cuir est une matière d'origine vivante qui a besoin d'être régulièrement entretenue, alimentée précautionneusement en matière grasse, puis astiquée de sorte que le traitement pénètre en profondeur.

    A bientôt pour d'autres découvertes !


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