• La Carabine Modèle 1859

    Voici l'une des plus belles armes de la collection : la Carabine Modèle 1859.

    Ma Carabine Modèle 1859

    Petite restitution historique :

    La Carabine Modèle 1859 est la dernière arme réglementaire Française à percussion et à chargement par la bouche. Elle clôt une aventure de plus de 40 années dans la recherche de la précision du tir de combat sur arme longue à percussion.

    De 1830 à 1870, du règne de Louis-Philippe jusqu'au Second Empire, ces 40 années auront été la période la plus riche au plan du progrès technique et économique. Il faut se figurer un monde passant de la traction animale au chemin de fer, de la marine en bois et à voile aux frégates cuirassées à vapeur. L'électricité est utilisée quotidiennement avec le télégraphe. Le gaz sert à l'éclairage et au chauffage de Paris. On creuse le canal de Suez. Les vols en ballon, libres ou captifs, sont pratiqués couramment, la photo se développe partout.

    Notre armement, intégralement lisse et à silex en 1830, adopte la percussion en 1840 et on fait les premières expériences du rayage des canons. Dès 1840, les carabines rayées sont de toutes nos campagnes. En 1854, la Garde Impériale adopte le premier fusil rayé. En 1860 toutes les armes de notre infanterie sont rayées et tirent un projectile expansif développé à partir de la balle à jupe du Cne Minié. 

    Dès le milieu des années 50, plusieurs systèmes de chargement par la culasse sont essayés : Thouvenin, Manceaux et Vieillard, Gastine-Renette, Chassepot, etc ... conduisant à l'adoption du fusil Chassepot en 1866 puis des armes à tabatière en 1867.

    En 1870, notre armée avait plus que rattrapé son retard sur la Prusse (équipée du Dreyse à aiguille depuis 1841)

    Quand aux carabines, elles équiperont les régiments d'intervention du Second Empire : les Zouaves, les Chasseurs et la Légion Étrangère. La Carabine Modèle 1859 sera utilisée lors de la Campagne du Mexique et équipera la 3ème Compagnie du 1er Bataillon du Régiment Étranger au combat de Camerone le 30 Avril 1863.

    Revenons à l'arme.

    Elle a été fabriquée en 1861 à la Manufacture Impériale de Saint Étienne.

    Elle n'a jamais distribuée en Corps de Troupe, comme l'atteste sa plaque de couche sans identification de Corps et l'absence de matricule (canon et crosse).

    Comme toutes nos carabines, c'est une arme très massive, un canon court et épais. C'est construit costaud. Elle est lourde pour sa taille, bien davantage avec son immense sabre-baïonnette.
    Voici un dessin (Illustrator, bien entendu) fait en 2011 :

    Ma Carabine Modèle 1859

    
Ses caractéristiques :
    • Poids : 4,47 kg

    • Longueur : 1,26 m

    • Calibre : 17,8 mm

    
• Vitesse initiale : 310 m/s
    • Rayures : 4 tournant de gauche à droite, pas de 2 m, larges de 7 mm, à profondeur dégressive de 0,5 mm au tonnerre à 0,3 mm à la bouche.
    
• Hausse : réglable à planchette et curseur, graduée de 150 mètres (rabattue) à 1100 mètres (relevée)
    
• Sabre-Baïonnette : modèle 1842 ou 1842/59

    • Cartouche : modèle 1859, balle à jupe Mle 1859 de 48 g, charge de 5,25 g. Conditionnées par 6 avec 8 amorces de guerre, paquet bleu.


    Peformances :
    • à 200 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 0,50 m.
    • à 300 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 1 m.
    • à 400 mètres, la largeur du quadrilatère haut de 2 mètres ayant pour centre le point moyen est de 1,50 m.


    La carabine 1859, tout comme les fusils 1857, 1854 et 1853 T a été progressivement remplacée dans les Corps de Troupe par le fusil 1866 Chassepot mis en fabrication dès la fin de 1866.

    Aussitôt après le Chassepot, nous adoptions le système 1867 dit "à tabatière" pour l'armement des troupes de réserve, la Garde Nationale Mobile. On transforma selon ce modèle plus de 300.000 fusils 1857 et carabines 1859. En effet, ces armes - pour la plupart flambant neuves - étaient stockées dans nos arsenaux. On a ainsi transformé la plupart de nos carabines 1859.

    Du coup, la carabine 1859 native est plus rare que la carabine 1853 T. Elle est aussi plus recherchée car souvent en bien meilleur état.



    Voici la carabine, portrait vue de droite et de gauche. La baïonnette est du modèle 1842/59 à ressort interne :Ma Carabine Modèle 1859

    La platine et le marquage de la Manufacture Impériale de St Etienne. Poinçon du contrôleur des platines.
    Le chien est à l'armé, découvrant la cheminée vissée sur la masselotte.
    On remarque que la masselotte est décalée sur la droite, cette disposition avait été retenue sur les armes du système 1853 afin de dégager la ligne de visée. Le marquage MI devant la masselotte pour Manufacture Impériale.
    La platine est du modèle de 1857, amélioration de celle de 1847 elle-même modification de la platine 1840.
    Ces platines ont la particularité d'êtres retenues par une vis à ergots fixe à l'arrière et une vis traversante à l'avant et vissant sur une rosette faisant office de contre-platine :

    Ma Carabine Modèle 1859

    À noter que la cheminée montée sur l'arme est une cheminée de tir moderne, car la cheminée réglementaire est percée à 1,8 mm. C'est un orifice bien trop large pour les poudres modernes.
    Afin d'éviter les pertes de pression - voire les crachements - il est prudent de monter une cheminée percée à 0,9 mm. Bien entendu, les filetages sont identiques.

    La platine vue de l'intérieur. Remarquer sa compacité et sa simplicité. Un seul ressort en V agissant vers le haut sur la noix par l'intermédiaire d'une chaînette, et vers le bas sur la gâchette. La bride de noix est assujettie par deux piliers vissés sur la platine. Le troisième étant l'axe de pivotement de la gâchette. La platine porte le marquage Mle 1857, modification de la platine 1847 au niveau de la chaînette :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Le logement de la platine. Noter le marquage en chiffres romains, XIII. Ces marques faites au burin se retrouvent sur la tranche de la platine. Elles ont été apposées par l'ouvrier platineur pour identifier la platine avec la monture au moment du montage final. La monture est à l'état de neuf, arêtes vives, têtes de vis ayant marqué le bois, encastrement serrés :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Une vue cavalière de la platine et de la hausse, planchette relevée. Remarquez le marquage S.1861. S étant l'initiale indiquant la Manufacture de St Etienne. Et l'année de fabrication 1861 :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La hausse. La planchette porte une échelle de distances à gauche, graduée de 250 à 1000 mètres. L'échelle de droite est graduée en millimètres et sert à affiner une visée. Un cran de mire mobile est monté à frottement doux sur la planchette. Le cran de mire au pied de la planchette est à la hausse de combat de 150 mètres :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La crosse et la monture jusqu'à la platine. Remarquer la forme de la queue de détente, très confortable et favorisant un lâcher progressif. Cette forme de détente sera malencontreusement abandonnée sur le Chassepot.
    Il faudra attendre le fusil Mas Mle 1936 pour retrouver en France une détente adaptée à la forme du doigt :Ma Carabine Modèle 1859

    La monture, de la platine à la capucine :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La monture et la capucine-grenadière retenue par un ressort à épaulement :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La monture et l'embouchoir. Le ressort à pivot, la baguette, le tenon de baïonnette et le guidon :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La crosse vue de droite. Hormis le macaron effacé, le bois est dans un état remarquable :Ma Carabine Modèle 1859

    La capucine-grenadière. Notez le battant de bretelle, le ressort et la baguette dans son canal. Et, à nouveau, un très bon état général :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La sous-garde et le pontet, identiques aux pièces du fusil 1857, hormis l'absence de battant de pontet, reporté sous la crosse. La sous-garde crantée est un héritage du fusil Modèle 1777 corrigé An IX :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La plaque de couche et le battant de bretelle. On remarque que le bois de la crosse est plus large que la plaque de couche. Cette disposition était voulue et destinée à éviter que, sous l'effet de l'usure, les bords de la plaque de couche ne blessent le tireur. À savoir que la même précaution sera prise sur les crosses de toutes nos armes règlementaires, jusqu'aux fusils Mas 49/56 (dernière arme réglementaire française ayant une monture en bois) :
    Ma Carabine Modèle 1859

    L'embouchoir et son ressort à pivot, le canon avec le guidon, le tenon de baïonnette et sa directrice. La baguette et sa tête caractéristique. Elle est percée de part en part afin, après y avoir glissé une broche, de donner un couple de rotation pour utiliser le tire-balles qu'on visse à l'autre bout :
    Ma Carabine Modèle 1859

    La rosette de contre-platine faisant écrou pour la vis de fixation de la platine :
    Ma Carabine Modèle 1859

    L'intérieur du canon, les 4 rayures :
    La Carabine Modèle 1859

    Le Sabre-Baïonnette Modèle 1842/59. La forme de la lame en yatagan avait été adoptée en 1840 pour dégager l'espace nécessaire au chargement du canon par la bouche et éviter que le tireur se blesse.
    Et non pour impressionner l'ennemi comme on pourrait le croire :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Comme on peut le constater, l'arme est en excellente condition, notamment l'intérieur du canon aux rayures profondément marquées. Ancienne corrosion, mais pas d'accident ni de bague. Les parties extérieures ont été nettoyées il y a longtemps, d'une manière trop appuyée et faisant malencontreusement disparaître certains marquages, mais tout est sain et sans jeu. Les crans de la platine sont francs et nets.

    Cette arme splendide est malheureusement devenue relativement rare, d'une part suite à la transformation massive des carabines 1859 au système 1867 (tabatière) et d'autre part à cause des nombreuses prises effectuées par les Prussiens en 1870, n'hésitant pas à piller des dépôts se trouvant sur le chemin de leurs armées.
    Au début du XXe siècle, les armes ainsi raflées ont été massivement revendues en tant qu'armes de traite. Triste fin pour d'aussi belles armes. Vae Victis !

    Bien entendu, comme toutes mes armes, ma carabine est en état de tir.

    Je l'ai essayée avec des ogives Mle 1854 au calibre de 17,9 mm :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Le moule et ses ogives Mle 1854 que j'avais fait faire pour mon fusil Modèle 1853 T Car aux mesures de son canon (Ce fusil vous sera présenté ultérieurment) :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Ces ogives étaient légèrement surcalibrées, signe que le canon de la carabine est resté à son diamètre nominal et qu'il n'a pas subi d'usure.

    Voici le carton d'essai, un tir de 5 coups à 25 mètres. Balles Mle 1854 sur charge de 5,25 g de poudre à mousquet. Canon écouvillonné entre chaque coup :
    Ma Carabine Modèle 1859

    Tir prometteur, mais surtout démonstration de l'importance de l'adéquation du diamètre de l'ogive avec celui du canon.
    Lors d'un autre tir, les balles, trop larges ne rentraient que très difficilement dans le canon, tir interrompu au bout du 7e coup.

    Dès que possible, je ferai fabriquer un moule pour une balle Mle 1859 au calibre de 17,85 mm afin de la recalibrer à 17,83 mm.

    A bientôt


  • Commentaires

    1
    martin
    Jeudi 10 Juillet 2014 à 15:56

    Un vrai travail d'armurier et de reconstitution historique.


    Impressonnant!

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    2
    Carlos
    Mercredi 20 Juillet 2016 à 16:05

    Estimado amigo

    Tengo un fusil tabatiere y no consigo el molde para fabricar la bala ?usted me podría orientar al respecto?

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